Suez en Inde : l'acquisition de GE Water à l'œuvre (3/3)

Face à la pénurie d'eau qui guette l'Inde, le gouvernement multiplie les contraintes visant à impulser une production industrielle moins consommatrice et moins polluante. Suez compte bien s'imposer sur ce marché en essor, en s'appuyant notamment sur la récente acquisition de GE Water.
Giulietta Gamberini
Suez WTS (Water Technologies & Solutions), l'entité issue de la fusion, est déjà le principal fournisseur de solutions de traitement de l'eau des centrales d'énergie thermique et des raffineries.
Suez WTS (Water Technologies & Solutions), l'entité issue de la fusion, est déjà le principal fournisseur de solutions de traitement de l'eau des centrales d'énergie thermique et des raffineries. (Crédits : Reuters)

Dans un pays où la croissance moyenne du PIB des dix dernières années dépasse 7%, la démographie et l'urbanisation ne sont pas les seules causes du stress hydrique en vue. En Inde, l'industrie aussi consomme de plus en plus d'eau: la demande annuelle en 2010, entre 50 et 60 milliards de mètres cubes, risque de doubler à l'horizon 2030, notamment en raison de la multiplication par deux des besoins en énergie. Sans compter que l'activité industrielle contribue à la dégradation des ressources, puisque la moitié des effluents des usines indiennes ne sont pas traités.

Or, le gouvernement semble avoir tranché, en donnant, en matière d'eau, la priorité aux villes et à l'agriculture, ce dernier secteur restant le premier employeur du pays, et dont un quart risque de manquer d'eau en 2030. Dans le souci de toutefois ne pas freiner l'élan qu'il souhaite donner à l'industrie à travers le programme "Make in India", il multiplie les contraintes réglementaires visant à impulser une nouvelle manière de produire: moins consommatrice d'eau et moins polluante.

Industrie recherche solutions désespérément

L'industrie recherche alors des solutions pour se mettre aux normes, et Suez compte bien saisir au bond la balle de ce marché en essor. D'autant plus que, non seulement le développement de la clientèle industrielle figure parmi les priorités stratégiques du groupe depuis quatre ans, mais aussi que l'Inde, où nombre de sociétés internationales ont des usines, est aussi un lieu privilégié de recherche et développement et d'expérimentation.

En Inde, où, jusqu'à il y a deux ans ses clients étaient essentiellement des municipalités, c'est grâce à de récentes acquisitions que Suez développe son activité pour l'industrie. En 2016, ce fut celle de Driplex, entreprise indienne qui développe des solutions de traitement de l'eau industrielle, en particulier pour le secteur de l'énergie. Et en 2017, celle de GE Water, la branche eaux industrielles de General Electric, déjà bien implantée en Inde. Suez WTS (Water Technologies & Solutions), l'entité qui résulte de ces acquisitions, hérite ainsi dans le principal pays du sub-continent indien de 650 collaborateurs, quatre usines, une réputation construite autour de la gestion de quelque 450 projets et un centre de recherche et développement de 30 salariés, opérationnel depuis 2005.

De la dépollution au dessalement

C'est dans ce centre de R&D que Suez WTS met notamment au point des protocoles de dépollution des effluents industriels adaptés aux besoins des diverses industries, qui seront largement commercialisés seulement une fois validés par les premiers clients. Déjà principal fournisseur de solutions de traitement de l'eau des centrales d'énergie thermique et des raffineries, le groupe vient de renforcer sa présence aussi dans le textile, où en 18 mois il a gagné quelque 15 projets. Une expertise qui ouvre la voie aussi à un autre marché: celui du Bangladesh.

Mais, de l'agro-alimentaire à la métallurgie, les solutions de recyclage de l'eau, et notamment les process "zéro rejet liquide" (Zero Liquid Discharge, ZLD), où l'eau est notamment souvent réutilisée à des fins de refroidissement, sont aussi de plus en plus convoitées, souligne Suez.

Dernière frontière du marché des eaux industrielles, enfin, le dessalement, qui s'affirme progressivement comme solution face à la pénurie d'eau douce. Suez est déjà en lice dans le cadre d'un appel à projets international pour l'extension de l'usine fournissant une partie de l'eau de la ville de Chennai, compétition dont le gagnant sera désigné en avril. Mais nombre d'industries dans les zones côtières s'orientent vers la même technologie, plus  facile d'ailleurs à mettre en place à plus petite taille.

"Le corridor industriel de Chennai-Bangalore pourrait être un client important", espère Suez qui, là aussi, compte être au rendez-vous.

Giulietta Gamberini

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