Antoine Frérot reste ferme sur la date butoir de son offre à Engie, tout en ayant préparé une amélioration de ses contenus. Interrogé par le Journal du dimanche (JDD) samedi, le PDG de Veolia affirme en effet avoir décidé d'augmenter le prix proposé à Engie pour lui racheter la quasi totalité de sa participation (29,9% sur 32%) dans Suez, jusqu'à présent fixé à 1,50 euro par action (2,9 milliards d'euros au total).
Le prix proposé à Engie comptera d'ailleurs comme référence dans le cadre de l'OPA que Veolia veut lancer par la suite pour acheter le reste des actions de Suez.
L'astuce de Suez "contournée"
Mais ce prix n'étant "qu'un des éléments du projet" de Veolia, Antoine Frérot souligne avoir également apporté "des clarifications écrites sur la garantie des emplois et des avantages sociaux", tant pour les salariés qui rejoindront Veolia que pour ceux qui resteront dans la branche Eau France de Suez. Dans la vision de Veolia -qui a déjà identifié un acquéreur, le fonds Meridiam- cette dernière devra en effet être cédée pour respecter les règles qui interdisent la constitution de monopoles.
Antoine Frérot assure d'ailleurs que ses juristes ont "trouvé la manière de contourner" l'obstacle opposé mercredi par Suez à cette cession, consistant en un montage juridique qui rend la filiale Suez Eau France inaliénable pendant quatre ans. Et il s'engage à ce que "les équipes de management de Suez soient mixées équitablement avec celles de Veolia".
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L'offre reste "caduque" le 30 septembre
La nouvelle offre de Suez "sera communiquée à Engie au moment opportun, et au plus tard le 30 septembre".
C'est le 30 septembre à minuit que s'expire en effet l'offre proposée par Veolia à Engie. Suez espérerait bien obtenir davantage de temps, afin de pouvoir formuler une offre alternative. Et l'Etat, actionnaire majoritaire d'Engie (24%), répète via le ministère de l'Economie ne pas vouloir agir dans la précipitation. Mais Antoine Frérot, qui en avait déjà affirmé le caractère "caduque", a réitéré samedi son refus de proroger ce délai.
Prolonger le délai, "la pire des solutions"
C'est pour cette raison, affirme-t-i au JDD, qu'il a d'ailleurs refusé de rencontrer samedi le président de Suez au ministère de l'Economie, lequel s'est lancé dans la recherche d'un "terrain d'entente" entre les deux entreprises.
"J'ai compris que cette réunion serait une négociation sur la prolongation des délais. Or (...) j'y suis opposé car je suis persuadé que ce serait la pire des solutions. Chacun peut en effet constater que plus le temps passe, plus le ton monte. Nous n'avons pas besoin d'une prolongation, mais d'une décision", a-t-il expliqué.
"Chaque jour qui passe abîme un peu plus la place de Paris et la réputation de Suez", estime d'ailleurs Antoine Frérot, pour qui "l'idée (de Suez, NDLR) d'extraire un actif d'une entreprise (SUEZ Eau France, NDLR) en le rendant inaliénable, donc en baissant sa valeur", est une "décision baroque est risquée".
Antoine Frérot se dit en revanche prêt à rencontrer le directeur général de Suez, Bertrand Camus, afin de "discuter concrètement" des modalités de la fusion.
En cas de refus, "tout est possible"
Pour Antoine Frérot, la suite du feuilleton est désormais "très simple". Un conseil d'administration d'Engie est en effet prévu mercredi.
"Soit il accepte" l'offre de Veolia, "soit il ne l'accepte pas".
En cas de réponse négative, "tout est possible". Veolia pourrait abandonner l'idée d'un rapprochement avec Suez, et se tourner vers d'autres projets afin de toutefois accélérer son développement. Mais le groupe pourrait également décidé d'avancer dans sa volonté de fusionner avec Suez "sans les actions d'Engie", en lançant tout de suite une OPA.
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