Ryanair vise près de 30 millions de clients sur les gros aéroports en 5 ans

En plein changement de modèle, la compagnie compte transporter plus de 30 millions de passagers d'ici à 5 ans. Spécialisée jusqu'ici sur les petits aéroports, Ryanair prévoit qu'une partie "substantielle de cette croissance sera réalisée sur les aéroports principaux". Une menace pour les compagnies classiques.
Fabrice Gliszczynski

Ryanair rassure les investisseurs. L'action de la compagnie à bas coûts irlandaise progressait de plus de 8% en séance. Ces derniers ont, comme à leur habitude, davantage regarder les perspectives de la compagnie que les résultats financiers du dernier trimestre de l'année 2013 (octobre-décembre, en fait le 3ème de l'exercice fiscal de Ryanair qui s'achèvera le 31 mars), lesquels ont affiché une perte après impôts de 35 millions d'euros contre un bénéfice de 18,1 millions un an plus tôt. La performance a beau être décevante, elle n'en est pas moins conforme aux prévisions de la compagnie. A l'automne, la direction avait enchaîné coup sur coup deux avertissements sur résultats en raison d'une baisse du prix moyen des billets. Au cours du troisième trimestre, le prix moyen des billets de la compagnie a chuté de 9% par rapport à la même période de l'année dernière. Pour l'ensemble de l'année fiscale, Michael O'Leary, le directeur général de la compagnie vise toujours un bénéfice compris entre 500 et 520 millions d'euros.

 Nouveau modèle

Le plus important n'est pas là. Ryanair est en train de revoir de fond en comble son modèle en cessant de se focaliser uniquement sur les aéroports secondaires pour se poser davantage sur les grands aéroports. Ceci s'accompagne d'une volonté de se préoccuper enfin des passagers. De nombreux  services sont mis mis en place pour notamment, attirer la clientèle affaires, comme le font Vueling et Easyjet. Présentes sur des aéroports principaux et proposant des produits spécifiques aux voyageurs d'affaires, ces deux compagnies arrivent, contrairement à Ryanair, à augmenter le prix moyen de leur billets. Ryanair s'engouffre donc lui aussi dans ce modèle value cost pour faire remonter ses prix. Et cette stratégie semble plaire.

"Nous pensons que Ryanair est susceptible de réussir à faire monter son activité en gamme", explique HSBC qui a réitéré sa recommandation à "surpondérer".

 Lire ici : Comment le low-cost aérien s'est embourgeoisé

Réservations supérieures    

Après avoir ouvert une base à Rome Fiumicino (le principal aéroport de Rome), le hub d'Alitalia, Ryanair va ouvrir le 28 février prochain une base à Bruxelles Zaventem, située à une soixantaine de kilomètres à peine de sa base de Charleroi, puis deux autres à Thessalonique le 1er avril et Lisbonne, le hub de TAP Portugal, le 2 avril.

"Les réservations sur ces nouvelles routes sont supérieures à nos prévisions, explique la compagnie. Les clients sont satisfaits d'avoir une offre alternative. Nous nous attendons à ce que ces nouvelles bases fournissent de substantielles opportunités de croissance, notamment quand nous commencerons à prendre livraison des 175 Boeing 737-800 NG commandés l'an dernier. Au cours des cinq prochaines années, le trafic de Ryanair va passer de 80 millions à plus de 110 millions de passagers et nous prévoyons qu'une partie substantielle de cette croissance se fera sur les aéroports principaux, où les compagnies pratiquant des hauts tarifs sont en difficulté financière et se restructurent. Le reste de la croissance se fera sur les aéroports secondaires".

Autrement dit, si ces prévisions s'avèrent exactes, Ryanair transportera près du quart de ses passagers au départ de grands aéroports d'ici à 5 ans.

 Fin de l'ultra low-cost

Ryanair va en effet faire coexister deux modèles. L'un sur les grands aéroports, qui constituera son levier de croissance, l'autre sur les petits aéroports, lequel est néanmoins menacé par les contraintes budgétaires des collectivités locales et le durcissement Bruxelles de la réglementation européenne en matière d'aides publiques.

 La montée en gamme de Ryanair et la fin de l'ultra low-cost concernent évidemment l'ensemble des vols de la compagnie. Le virage est assez impressionnant. En quelques mois, la compagnie a mis en place un grand nombre de nouveaux services. Son site Internet est devenu à la fois plus élégant et plus pratique. Une réservation se fait en 5 clics contre 17 auparavant. La politique bagage est moins stricte et l'allocation des sièges en amont est désormais en place. En avril, la carte d'embarquement sur téléphone mobile devrait être lancé. Ce changement stratégique est majeur dans la structure du transport aérien européen en pleine recomposition.

 

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 3
à écrit le 03/02/2014 à 21:25
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Ca... c'est mauvais pour les fonctionnaires frenchies (AF), cette petite phrase :" En quelques mois, la compagnie a mis en place un grand nombre de nouveaux services. " Vous voyez Air France réagir en quelques mois ? MDR...

à écrit le 03/02/2014 à 18:27
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Faudrait nous expliquer, Mr FG. Ryanair change de modèle; ce faisant, il donne raison à Easyjet. Néanmoins, selon vous, les compagnies "classiques" seraient menacées; et pas Vueling et Easyjet ? IL faudrait en conclure que la clientèle attend comme l...

à écrit le 03/02/2014 à 18:08
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des frais en forte hausse et pas de subventions cela va etre beaucoup plus difficile

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