Air Antilles et Air Guyane sont en très mauvaise posture. Filiales de la Compagnie aérienne interrégionale express (Caire), les deux compagnies sont affectées par un conflit social, depuis le 14 juillet. Les pilotes grévistes réclament le versement de revalorisations salariales obtenues à l'issue d'un conflit précédent, en décembre dernier. Selon eux, elles n'ont toujours pas été honorées.

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Depuis le 26 juillet, une médiation entre la direction et le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a lieu sous l'égide des services de l'Etat. Mais les négociations avancent peu. « Nous sommes à un niveau plancher de nos revendications, nous ne pouvons pas descendre plus bas », explique à l'AFP Brieuc Hardy, du SNPL, qui réclame environ 15% d'augmentation de rémunérations qui sont, selon son syndicat, « parmi les plus basses du marché ».

Demande de mise en cessation de paiement

Le PDG du groupe, Eric Koury, oppose à ces exigences la situation comptable de l'entreprise, déjà endettée en raison des aides d'Etat perçues durant la pandémie. Une telle demande serait « insupportable pour l'entreprise », rétorque-t-il. Des difficultés économiques contestées par les syndicats. Le PDG du groupe a ainsi déposé auprès du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre une demande de mise en cessation de paiement et en liquidation judiciaire de l'entreprise. Elle sera examinée mercredi.

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Ce mouvement social a démarré durant les grandes vacances. Résultat, de nombreux voyageurs se retrouvent sans solution dans les îles caribéennes. Et pour cause, Air Antilles, la plus importante des deux filiales, est la seule compagnie aérienne à desservir les îles caribéennes non françaises depuis la Guadeloupe et la Martinique. Un hélicoptère a même dû être affrété pour desservir certaines communes guyanaises isolées, selon la chaîne Guyane la Première.

Une hausse des prix en perspective

Air Antilles est la tête de pont de l'alliance CaribSky, financée par des fonds européens. Mais ce partenariat bat de l'aile depuis qu'une autre compagnie, la Liat, a fermé ses portes en 2020 et que Winair, troisième acteur de CaribSky, a également connu des difficultés après la pandémie de Covid-19. En 2020, avec d'autres collectivités d'outre-mer, la Région Guadeloupe avait participé au sauvetage financier de la compagnie Corsair, qui dessert plusieurs départements ultramarins depuis Paris.

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Air Antilles ne devrait pas bénéficier du même traitement. Cette fois, le président de la région Guadeloupe, Ary Chalus, estime en effet qu'il ne faut pas « toujours penser aux collectivités (...) pour injecter de l'argent » dans une entreprise « privée ». Il souligne cependant avoir « entamé depuis quelques mois des échanges avec les Etats membres de l'Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECO) sur l'avenir de l'aérien au niveau régional ».

« Tout doit être fait pour préserver les 300 emplois qui sont en jeu », fait valoir de son côté le sénateur de la Guadeloupe Victorin Lurel (PS), qui espère voir « créer à terme une nouvelle compagnie aérienne caribéenne ».

Et pour cause, la chute d'Air Antilles et d'Air Guyane ferait drastiquement augmenter les prix des billets. De fait, le nombre d'acteurs serait réduit, y compris sur la desserte des territoires français, selon plusieurs sources politiques et économiques. Or, les prix sont déjà élevés, à la suite d'une entente sur des « hausses de tarifs, de baisse d'offre et sa répartition » entre plusieurs compagnies relevée en mars par l'Autorité de la concurrence dans un communiqué.