Air France-KLM devient de plus en plus rentable grâce à Air France

Le groupe Air France-KLM affiche des résultats financiers très solides au premier semestre, avec une envolée de 40% de son Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement). Une fois n'est pas coutume, le groupe le doit à sa partie française. Avec une marge opérationnelle de plus de 10 % sur les derniers mois, le groupe Air France s'est en effet montré plus performant que KLM.
Léo Barnier
Le groupe Air France-KLM signe un début d'année en forte hausse.
Le groupe Air France-KLM signe un début d'année en forte hausse. (Crédits : Regis Duvignau)

[Article mis à jour le 28/07/2023 à 17:30]

Fort de performances opérationnelles en hausse, le groupe Air France-KLM améliore sa rentabilité. Profitant d'un marché dynamique depuis la fin de la crise sanitaire, qui lui permet d'accroître son trafic et d'améliorer son taux de remplissage, le groupe français gagne en rentabilité. Il affiche une marge opérationnelle en forte croissance en ce premier semestre. Et, surprise, c'est en grande partie à sa filiale Air France qu'il le doit.

Avec près de 19 % de passagers en plus qu'au premier semestre 2022, Air France-KLM a bénéficié d'un effet de rattrapage, le début d'année dernière étant encore perturbé par le variant Omicron. Quoi qu'il en soit, ses avions ont tout de même transporté plus de 44 millions de passagers et a retrouvé 92 % de son niveau de trafic de 2019. Une performance due en partie à la croissance de Transavia qui est en phase de fort développement.

Le taux de remplissage progresse aussi significativement de 7 points pour s'établir à 87 % sur le semestre, et même 88 % sur le deuxième trimestre. Cela permet à Air France-KLM de pouvoir jouer sur les prix avec un yield en progression de 9 % sur les derniers mois.

Un quart de chiffre d'affaires en plus

Cette combinaison de volumes et de prix s'est traduite par une envolée de 25 % du chiffre d'affaires au premier semestre, à 14 milliards d'euros, par rapport à la même période l'an dernier. Compte tenu de la baisse progressive du prix du kérosène, principal poste de coûts, le groupe a réussi à compenser la hausse des prix unitaires et à limiter la hausse de ses dépenses d'exploitation à 23 %.

De fait, l'Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) a progressé de 40 % sur les six premiers mois de l'année, pour s'établir à 1,6 milliard d'euros. Le résultat d'exploitation à lui été multiplié par quasiment 12, pour s'établir à 426 millions d'euros. Cela donne une marge d'exploitation de 3,1 % sur le semestre contre 0,3 % l'an dernier. Et surtout, le phénomène s'accélère sur la deuxième moitié du semestre. Cette marge d'exploitation bondit ainsi jusqu'à un niveau record de 9,6 % pour le seul deuxième trimestre, traditionnellement plus rentable que le premier.

De quoi réjouir Steven Zaat, le directeur financier du groupe, qui s'est montré « très satisfait de ces résultats ». Tout comme Benjamin Smith, son directeur général, qui a déclaré : « Nous avons une fois encore enregistré des résultats solides au deuxième trimestre 2023. Malgré le contexte inflationniste, nos recettes ont connu une croissance à deux chiffres et notre marge d'exploitation a atteint un niveau record. »

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Air France devient la filiale la plus performante

Et que ce soit au niveau du trimestre ou du semestre, c'est le groupe Air France (Air France et Transavia France) qui a été le principal facteur d'amélioration. Sur les six premiers mois de l'année, les compagnies françaises ont basculé dans le vert avec une marge d'exploitation de 3,5 %, en hausse de près de 7 points. Une performance principalement liée à la bonne performance du long-courrier et à l'amélioration des taux de remplissage. Cela s'est ressenti encore plus fortement à partir du printemps avec une marge opérationnelle de plus de 10 % au deuxième trimestre. Du jamais vu pour Air France depuis 2006 selon Steven Zaat, qui a salué « une très forte performance » de la part du groupe français en particulier sur le long-courrier. Et cela devrait se poursuivre avec des niveaux de réservation élevés sur le reste de l'année.

A l'inverse, le groupe KLM - qui a été pendant de longues années la partie la plus rentable du groupe Air France-KLM, malgré une taille inférieure - est lui en recul, bien qu'encore rentable. Sa marge sur le semestre n'est ainsi que de 2,3 % contre près de 6 % l'an dernier à la même période. Sur le deuxième trimestre, la baisse est limitée à 1,2 point et sa marge s'établit tout de même 8,3 %. La partie néerlandaise du groupe Air France-KLM estime ainsi avoir stabilisé ses activités « en dépit des difficultés liées à la chaîne d'approvisionnement, d'un marché du travail tendu et de problèmes de flotte chez KLM Cityhopper et Transavia Pays-Bas ». Benjamin Smith indique ainsi que la situation est bien gérée à Schiphol depuis le mois de mai et Steven Zaat assure que le groupe pourra de nouveau se développer une fois ces problèmes réglés.

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Des difficultés tout de même

Tout n'est pas simple pour autant pour Air France-KLM. Concernant Transavia France et Transavia Holland (en déconsolidant leurs résultats d'Air France et de KLM), Steven Zaat s'est montré plutôt satisfait : « Nous avons accru davantage la capacité (+20 %). Nous avons également pu augmenter les recettes unitaires (+7,6 %) autant grâce à l'amélioration du coefficient de remplissage (+7,4 points à 90 %) que des rendements. » Pourtant, les coûts unitaires se sont envolés encore davantage, de plus de 10 %, d'où une perte opérationnelle presque multipliée par trois par rapport à l'an dernier.

Steven Zaat reconnaît que la période a été difficile avec des problèmes de flotte aux Pays-Bas ou les grèves du contrôle aérien en France. Il y a également un manque de maturité au vu des nombreuses nouvelles lignes lancées depuis deux ans. Pourtant le directeur financier se montre très confiant pour l'été, arguant d'un retour à l'équilibre opérationnel à partir du printemps, de la hausse des revenus unitaires et de l'important niveau de réservations. Au 30 juin, Transavia avait déjà vendu 76 % de ses sièges prévus pour le troisième trimestre et 29 % pour le quatrième. Soit une amélioration de plusieurs points par rapport à l'an dernier.

C'est encore plus compliqué du côté du cargo « où l'histoire est différente » selon Steven Zaat. A l'instar de l'ensemble du marché de la logistique internationale, le groupe affronte une baisse des volumes de l'ordre de 10 % et une forte baisse des prix. Ce double phénomène s'est conjugué avec une hausse des capacités cargo du groupe - venue des soutes des appareils passagers - ce qui a entraîné une chute de près de 40 % de ses recettes unitaires sur ce segment. Mais Steven Zaat, comme d'autres acteurs du secteur, y voit avant tout un retour à la normale après deux années exceptionnelles pour le fret international.

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Embellie financière

Sur le résultat net, le groupe Air France-KLM a basculé en positif. Après avoir perdu 228 millions d'euros au premier semestre 2022, il gagne désormais 260 millions d'euros cette année. Il a profité de cette bonne santé financière pour poursuivre son désendettement, à hauteur de 1,4 milliard d'euros par rapport à décembre 2022.

Le groupe doit également continuer d'améliorer son bilan. Après une première opération pour valoriser ses activités de maintenance sur un parc de moteurs de rechange à hauteur de 500 millions d'euros avec le fonds américain Apollo Global Management, Air France-KLM a annoncé le 27 juillet vouloir faire une opération similaire pour son programme de fidélité Flying Blue, avec le même partenaire et à hauteur de 1,5 milliard d'euros.

Léo Barnier

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Commentaires 5
à écrit le 30/07/2023 à 10:55
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Par quelle malédiction KLM est-il passé du statut de poule aux oeufs d'or à celui de vilain petit canard?

à écrit le 28/07/2023 à 20:16
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Cela ne devrait pas durer le SNPL AF devrait rapidement réclamer une augmentation des salaires pour compenser l'inflation donc une grève est à prévoir bientôt 🤣

à écrit le 28/07/2023 à 12:03
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AF se gave comme d’habitude sur ses chasses gardées que sont l’outre mer ! Vols complets à 99 % !!!! malgré une augmentation des prix .

le 28/07/2023 à 19:16
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Chasse gardée ? Que faites vous de Corsair, d’air Caraïbes, d’air Austral, de french bee ? Pour vous, ce ne sont pas des compagnies concurrentes ? Air Belgium, Level, ont essayé, mais n’ont pas réussi à s’installer durablement.

le 01/08/2023 à 8:13
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Ben...(Smith...lol) heureusement qu il reste cela a AF car entre taxes Francaises et concurrence déloyale des compagnies du Golfe, il n'y aurait plus de gâteau pour malgré tout un fleuron Francais....Soyons heureux...

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