L'Ukraine travaille au rétablissement de son trafic aérien commercial

Ce n'est pas encore demain que des avions civils opéreront en toute tranquillité dans le ciel ukrainien, mais Kiev y travaille. Et le gouvernement ukrainien a encore du pain sur la planche pour y arriver, même avec un soutien international. Quoi qu'il en soit, la volonté est bien là.
L'Ukraine veut croire à un retour rapide du trafic aérien dans le pays après la guerre. (Photo d'illustration : un Boeing B737-9KV ER de la compagnie aérienne Ukraine International Airlines, le 22 janvier 2018 à l'aéroport de Tallinn, en Estonie.)
L'Ukraine veut croire à un retour rapide du trafic aérien dans le pays après la guerre. (Photo d'illustration : un Boeing B737-9KV ER de la compagnie aérienne Ukraine International Airlines, le 22 janvier 2018 à l'aéroport de Tallinn, en Estonie.) (Crédits : Anna Zvereva via Wikipedia)

La guerre n'est pas finie et la priorité de l'Ukraine est de continuer à engranger des succès sur le champ de bataille. Oleksandr Kurbakov, ministre ukrainien aux Infrastructures, est très clair sur ce point. Mais, comme il l'a affirmé, ce jeudi, devant un parterre de dirigeants de compagnies aériennes lors d'une visioconférence à l'occasion du forum APG World Connect, cela ne l'empêche pas de travailler à la reconstruction de l'aviation civile ukrainienne, lui qui a déjà œuvré dans la mise en œuvre du corridor pour la reprise des exportations de céréales cet été.

D'abord sécuriser le ciel

Lors de son intervention, Oleksandr Kurbakov a fait part des deux prérequis à une possible reprise du trafic. Tout d'abord, la sécurisation du ciel, avant de pouvoir autoriser le retour de vol commerciaux au-dessus de l'Ukraine. « C'est la priorité numéro un », selon le ministre, mais dans un pays toujours en guerre, cette condition est aujourd'hui loin d'être remplie.

Lors de la 41e session de l'Assemblée de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) début octobre, l'ambassadrice ukrainienne au Canada, Yulia Kovaliv, avait ainsi déclaré :

« Le ciel au-dessus de l'Ukraine reste dangereux. Et, même maintenant, dans ces circonstances, les compagnies aériennes ukrainiennes continuent d'opérer à l'étranger. Nous continuons d'adhérer à la Convention de Chicago. Nos ingénieurs continuent de travailler sur de nouveaux projets. Nos passagers ont hâte de rentrer chez eux dès qu'il sera possible de le faire en toute sécurité. Il ne fait aucun doute que l'industrie aéronautique ukrainienne se développera, malgré tous les défis auxquels nous sommes confrontés en raison des actions du pays agresseur. »

Oleksandr Kurbakov affirme d'ailleurs que des discussions ont été entamées avec les Nations Unies sur le rétablissement de la sécurité pour le transport aérien, nécessaire à la reprise des vols. « Si nous voyons une opportunité minime pour rouvrir, nous rouvrirons assurément », déclare ainsi le ministre.

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Reconstruire les aéroports

« Une fois la guerre finie », l'Ukraine devra aussi rendre ses aéroports à nouveau opérationnels. Ce qui nécessitera la réhabilitation, voire la reconstruction des infrastructures aéroportuaires qui furent visées par les attaques russes « dès les premières heures de la guerre ». Toujours à l'OACI, le président de l'Administration nationale de l'aviation de l'Ukraine, Oleksandr Bilchuk, avait déjà signifié à son homologue américain Billy Nolen les importantes destructions subies par les infrastructures aéroportuaires suite au déclenchement de la guerre. L'Administration fédérale américaine de l'aviation (FAA) pourrait ainsi apporter son soutien dans le rétablissement des capacités ukrainiennes, notamment pour le contrôle de la navigation aérienne.

Cet effort sur l'aviation ne peut néanmoins être pris seul. Il s'inscrit dans le cadre plus large du rétablissement des infrastructures de transports et des capacités logistiques ukrainiennes. Et celui-ci est régi prioritairement par les besoins militaires, pour permettre aux forces de Kiev de maintenir leur offensive dans l'est du pays, ainsi que par l'exportation des céréales via la Mer noire. Ce qui suppose un travail prioritaire sur le routier, le ferroviaire ainsi que le maritime, du moins sur le territoire national.

Maintien de compétences et de services dans les pays limitrophes

La tâche est d'autant plus complexe qu'Oleksandr Kurbakov doit assurer en parallèle le maintien en état des infrastructures énergétiques et de télécommunications, largement visées, ces dernières semaines, par les attaques russes. Ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques à l'approche de l'hiver.

En attendant, « les compagnies ukrainiennes tentent de survivre à l'extérieur de l'Ukraine en assurant certains services », comme le raconte Oleksandr Kurbakov. Elles opèrent principalement depuis la Pologne, ainsi que depuis d'autres pays limitrophes de l'Ukraine comme la Moldavie, la Slovaquie ou la Hongrie.

Le franchissement de la frontière pour les personnels des compagnies ukrainiennes a d'ailleurs fait l'objet d'une résolution gouvernementale pour faciliter ces opérations extraterritoriales ou encore le maintien de compétences à l'étranger, en dépit des restrictions imposées par la loi martiale.

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Retrouver rapidement la dynamique d'avant-guerre

S'il juge qu'il est difficile de faire des projections de trafic à l'heure actuelle, Oleksandr Kurbakov rappelle que l'Ukraine était « l'un des pays les plus dynamiques en termes de taux de croissance » du nombre de passagers avant la guerre, avec l'arrivée de transporteurs étrangers. C'était surtout le cas avant la pandémie. En 2019, dans la lignée des exercices précédents, le pays connaissait une croissance de plus de 22 % de son nombre de passagers annuels, selon les statistiques de la branche européenne de l'Airport Council International (ACI Europe). C'était largement plus que la moyenne des autres pays européens hors-Union européenne (+3 %), ou encore que la Russie, à moins de 6%, et la Turquie, à moins de 1%.

« Nous savons que lorsque les opérations recommenceront, nous pourrons atteindre les chiffres que vous pouviez voir avant, très bientôt du moins », a déclaré le ministre, sachant qu'en 2019, les aéroports ukrainiens accueillaient 25 millions de passagers.

Interrogé sur une possible coopération avec Airbus après les dommages subis par le constructeur Antonov au début de la guerre, Oleksandr Kurbakov a ouvert grand la porte :

« Même avant la guerre, nous étions prêts à coopérer avec Airbus et d'autres industriels et je pense qu'il est encore plus important de le faire après la guerre. »

Il a ensuite établi d'une façon générale qu'avec la guerre, les industriels ukrainiens avaient pris de l'expérience et qu'ils seraient encore plus intéressés par des partenariats avec des acteurs étrangers.

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