Près de 30% de suppressions de postes chez British Airways, pas loin de 45% pour Icelandair et 50% chez SAS : les annonces ce mardi des compagnies britannique, islandaise et scandinave de supprimer respectivement 12.000, 2.000 et 5.000 postes marquent le début d'une vague de licenciements massifs et inédits dans le transport aérien européen, frappé de plein fouet par la crise du Covid-19. La semaine dernière, Norwegian a annoncé 4.700 suppressions de postes, et mi-avril la low-cost hongroise Wizzair a licencié 1.000 salariés. Ces coupes sombres s'ajoutent aux 2.000 pertes d'emplois provoqués par la faillite de Flybe en mars. Depuis le début de la crise du coronavirus, ce sont donc 30.000 suppressions de postes qui ont déjà été annoncées en Europe.
Les compagnies emploient plus de 400.000 salariés en Europe
Et ce n'est hélas qu'un début. La reprise du trafic aérien s'annonçant longue et progressive, les compagnies aériennes vont se retrouver au moment de redémarrer leur activité avec des sureffectifs énormes par rapport au niveau de capacités nécessaire pour répondre à une demande limitée. Ce sureffectif sera d'autant plus élevé qu'il sera accentué par les mesures d'économies que vont prendre tous les transporteurs pour tenter de survivre.
"La crise du Covid-19 et la faiblesse de la reprise devrait engendrer un sureffectif de 30% en moyenne au sein de toutes les compagnies aériennes", estime Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF.
Ce chiffre donne des frissons dans le dos. Les compagnies aériennes européennes membres de l'association "Airlines for Europe", comptant près de 400 000 employés, ce serait donc près de 130.000 personnes qui pourraient perdre leur emploi parmi les compagnies aériennes européennes. Et même plus en ajoutant toutes les emplois supprimés au sein des compagnies qui ne sont pas dans cette association (es membres représentent en effet 70% du trafic européen) et tous les emplois sous-traités.
Plans de départs en vue à Air France
Ce sureffectif sera l'un des enjeux du groupe Air France-KLM et de sa filiale Air France. Le groupe français va chercher à baisser ses coûts fixes, ses fonctions support, et à restructurer son réseau domestique. Pour certains observateurs, le taux de sureffectif pourrait être supérieur à la moyenne de 30% en Europe. La direction a déjà prévu de procéder à des plans de départs volontaires.
Hier, dans une motion adoptée lors Comité social et économique central d'Air France, les élus du personnel d'Air France se sont dits "satisfaits du soutien vital apporté par l'Etat français" à la compagnie aérienne et seront "très attentifs" à la protection de l'emploi.
"Ce plan de sauvegarde met tout le groupe face à une obligation de résultats, tant dans la restauration de sa situation économique que dans son engagement à réduire ses émissions carbone", ont-ils ajouté..
"Pour nous, organisations professionnelles et élus représentant les salariés, la responsabilité de l'entreprise est d'abord de protéger les salariés et les emplois. Nous y seront très attentifs".
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