
L'aide promise par les Etats français et néerlandais au groupe Air France-KLM pour traverser la crise du coronavirus passera par une garantie sur des prêts bancaires pouvant atteindre six milliards d'euros, selon les informations de l'agence Reuters. Des négociations sont en cours avec des banques françaises et néerlandaises pour accorder à Air France un prêt de 4 milliards d'euros garanti par l'Etat français, et un autre de 2 milliards d'euros à KLM garanti par l'Etat néerlandais. Un ordre de grandeur confirmé à La Tribune par un connaisseur du dossier. Pour rappel, la France et les Pays-Bas détiennent respectivement 14,3% et 14% du capital d'Air France-KLM, maison-mère d'Air France et de KLM.
Six milliards de liquidités
De quoi permettre de traverser la crise actuelle marquée par un arrêt quasi-total de l'activité pendant deux ou trois mois, mais aussi la phase de reprise qui s'annonce longue et difficile. En effet, ces prêts bancaires s'ajouteront à une trésorerie de six milliards d'euros (mi-mars), répartie entre les caisses d'Air France-KLM, Air France et KLM. Ils s'ajouteront également aux mesures prises par les deux Etats pour soulager la trésorerie des compagnies. En France par exemple, le report des cotisations sociales et la prise en charge par l'Etat du chômage partiel permet de réduire significativement les coûts pendant cette phase inédite où la quasi-totalité de l'activité est arrêtée pour une durée de deux ou trois mois. Ce qui met la trésorerie sous tension, en l'absence de recettes mais avec le maintien de certains coûts. Selon nos informations, sans les mesures prises par l'Etat et les économies menées en interne, une absence totale de recettes se serait soldée par une perte mensuelle de 500 à 600 millions d'euros pour Air France. De quoi tenir trois mois environ seulement.
Pour la reprise, le gouvernement a également donné un coup de pouce. La compagnie pourra en effet compter sur le report de certaines taxes spécifiques au transport aérien à la fin de l'année.
Bref, même si Air France-KLM doit rembourser cette année une dette d'un montant de 1,2 milliard d'euros, le groupe aura de quoi voir venir. Restent plusieurs inconnues concernant les sorties de cash. La première porte sur les billets d'avions payés pour des vols qui seront annulés du fait de la suspension des vols. A part quelques exceptions, les compagnies proposent des reports de vols ou des "avoirs", alors que les règles européennes prévoient la possibilité d'effectuer des remboursements. La question du maintien ou pas de cette règle pendant la crise se pose évidemment. L'enjeu est de taille. Selon certains experts, la valeur des billets émis et non utilisés pour les prochains mois dépasserait trois milliards d'euros et quatre milliards sur une période plus longue.
es pronostics relèvent un peu de la prophétie. D'autant qu'il ne dépendent pas que de la question sanitaire en France mais de celle partout ailleurs dans le monde.
que va faire le groupe des avions commandés alors que plusieurs livraisons d'A350, de B787 et d'A220 sont prévues cette année ? La livraison d'un A350 dans quelques jours est en tout cas confirmée. Enfin, quelle sera la reprise et combien faudra-t-il de temps pour revenir au niveau d'activité d'avant la crise? Selon le redémarrage ou pas des marchés africain ou américain par exemple, les courbes de rentrées de cash seront en effet différentes. LPour l'heure, les compagnies françaises tablent sur un redémarrage pour juin de manière progressive. L'association internationale du transport aérien (IATA) n'attend pas une reprise avant 2021. Lufthansa est beaucoup plus pessimiste et évoque quatre à cinq ans pour revenir au niveau d'activité de 2019.
200 milliards d'aides d'Etat nécessaires dans le monde pour sauver l'aérien
La France et les Pays-Bas ne sont pas les seuls à soutenir leurs compagnies aériennes. La crise est trop dure. L'IATA estime à plus de 200 milliards de dollars les aides d'Etat nécessaires pour sauver le transport aérien, qui devrait perdre 252 milliards de dollars de chiffre d'affaires cette année. Pour la seule période allant d'avril à juin, les compagnies devraient consommer 61 milliards de dollars de cash et perdre collectivement 39 milliards de dollars.
Face à cette situation catastrophique, plusieurs pays ont prévu de mettre la main à la poche. Les Etats-Unis, Dubaï, la Norvège, l'Italie... ont en effet déjà annoncé un plan d'aides pour sauver leurs compagnies. L'Allemagne discute également avec Lufthansa pour un soutien à plusieurs milliards d'euros. Les Etats ne pourront évidemment pas sauver toutes les compagnies. Des faillites sont donc à attendre.
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