Covid-19 : Air France-KLM quasiment à l'arrêt pendant deux mois

Le groupe annoncé une réduction de ses capacités de 70% à 90% lors des deux prochains mois au moins, en raison des restrictions de déplacement et de la baisse de la demande face à la propagation du coronavirus.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Christian Hartmann)

Face à la propagation du Covid-19, Air France-KLM se met quasiment à l'arrêt pour au moins deux mois. Confronté à l'effondrement de la demande, à la fermeture des frontières mises en place par de nombreux pays pour les passagers en provenance d'Europe, et au passage ce week-end en France au "stade 3" de l'épidémie, le groupe français  a annoncé qu'il pourrait réduire ses capacités mesurées en sièges kilomètres offerts (SKO) de 70% à 90% pour une durée de deux mois.

Pour Air France et sa filiale low-cost Transavia France, la capacité sera réduite de "80 à 90%" d'ici à la fin de la semaine a indiqué le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith, dans une vidéo adressée aux salariés, dans laquelle il déclare par ailleurs qu'il baisse sa rémunération de 25%.

"Dans cette période de fortes turbulences, j'ai décidé de réduire ma propre rémunération de 25%", a-t-il dit.

La baisse d'activité d'Air France sera même encore plus importante : elle atteindra 90% sur le long-courrier et 95% sur le réseau court et moyen-courrier, a indiqué ce lundi la direction lors d'un comité social économique (CSEC)

Air France immobilisera notamment l'ensemble de sa flotte Airbus 380 et d'A340 d'ici au 21 mars, et KLM l'ensemble de sa flotte Boeing 747. Cette baisse brutale d'activité ne sera compensée "qu'à hauteur de 50% environ par la baisse des coûts variables avant mesures d'économie", explique le groupe.

Chômage partiel

Pour adapter les effectifs aux moyens de production les deux filiales du groupe, Air France et KLM, vont recourir à du chômage partiel (appelé aujourd'hui activité partielle). Des mesures en ce sens ont été présentées ce lundi aux représentants du personnel d'Air France. L'activité partielle est un régime d'aides aux entreprises faisant face à des difficultés conjoncturelles, avec pour objectif de préserver les emplois par la mise en place d'une réduction du temps de travail, tout en bénéficiant d'aides financières sur les heures chômées. Air France va demander aux pouvoirs publics une autorisation de recours à ce dispositif pour une période de 6 mois, à partir du 23 mars.

"Pour chaque période chômée, le salarié perçoit une indemnité correspondant à 70 % de sa rémunération brute chargée d'un taux de cotisations réduit, soit pour la période non travaillée environ 84 % du salaire net", explique la compagnie dans un courrier interne.

L'entreprise bénéficie d'exonérations de cotisations sur les périodes non travaillées et du remboursement par l'Etat de l'indemnité d'activité partielle. Ce dispositif permet ainsi de préserver la trésorerie.

Toutes les catégories de personnel, "y compris le Comité Exécutif", précise la compagnie.

La compagnie française pourra également compter sur le report des charges et son étalement. De son côté, KLM va supprimer 1.500 à 2.000 emplois (des salariés à temps partiel, ceux proches de la retraite et les départs naturels) et de l'activité partielle sera également mise en place.

Plus de six milliards de liquidités

S'ajoutent à cela "d'autres mesures pour protéger la trésorerie, parmi lesquelles 200 millions d'euros d'économies pour 2020,  et réduction de 350 millions d'euros de son plan d'investissement "auxquels s'ajoutera l'impact de la baisse d'activité sur le montant des investissements de maintenance". Annoncé en février, ce plan d'investissement prévoyait de mobiliser 3,6 milliards d'euros pour 2020.

Air France-KLM précise qu'il disposait le 12 mars de "plus de 6 milliards de liquidités. Air France-KLM a en effet "tiré la semaine dernière une ligne de crédit renouvelable pour un montant total de 1,1 milliard d'euros et KLM a pour sa part tiré une ligne de crédit renouvelable pour un montant total de 665 millions d'euros".

Air France-KLM explique par ailleurs avoir "accueilli positivement les déclarations exprimées par l'Etat Français et l'Etat Néerlandais qui ont indiqué chacun étudier toutes les conditions possibles d'un soutien au groupe". Il faut "nous assurer qu'Air France passe ce moment difficile (...) dans les meilleures conditions possibles", avait déclaré jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, après l'annonce de la décision de Donald Trump de suspendre l'entrée des Européens aux Etats-Unis.

Dimanche, le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, a indiqué que Les Pays-Bas feront "tout ce qu'il faut" pour que KLM et l'aéroport Schiphol d'Amsterdam continuent de fonctionner. Selon les Echos, l'Etat français (14% du capital) envisage de monter au capital du groupe mais selon une source au Ministère des Finances citée par Reuters, ce scénario "n'est pas d'actualité aujourd'hui".

A la Bourse de Paris, le titre d'Air France-KLM a terminé la journée sur une baisse de plus de 10%.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 4
à écrit le 16/03/2020 à 21:43
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La démonstration est faite qu'on peut se passer de l'avion.

le 17/03/2020 à 12:41
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La démonstration va être faite qu'on peut rester confinés chez soi, et même sous couvre-feu ...!! Si je suis votre logique, on a qu'à appliquer ces mesures à vie ... Pis comme la démonstration a été faite qu'on peut vivre en étant chômeurs pendant ...

à écrit le 16/03/2020 à 17:28
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Avec des milliers de Français coincés dans les aéroports étrangers en ce moment, qui n’arrivent pas à retourner chez eux, c’est un comble de clouer les avions au sol, pire un gâchis, les lois du marché sont décidément obscures et contraires à l’intér...

le 16/03/2020 à 21:47
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L'intérêt collectif est de boycotter l'avion. Le transport de masse par ce moyen est un non sens économique, culturel et désormais sanitaire.

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