Taxis : la stratégie de G7 pour reconquérir clients et chauffeurs

La marque veut se différencier de la profession de taxis ("c'est déjà écrit sur le véhicule, pas besoin de le rappeler dans la marque") et souhaite qu'un passager "commande un G7" et non pas "un taxi". Un peu comme l'on dit que l'on commande "un Uber" pour évoquer un VTC (voiture de transport avec chauffeur). Revue de détail.
Mounia Van de Casteele
Ainsi marqués, les véhicules de la flotte G7 sont identifiables de loin.

Nouveau logo, nouveau nom, nouvelle application mobile... G7 fait peau neuve et le fait savoir : "Le monde change... Nous aussi". Pour accompagner sa mue et réaliser sa nouvelle campagne de communication, l'entreprise a fait appel à l'agence BETC Shopper, qui a entre autres comme clients Canal+.

La société de taxis affiche clairement son ambition de (re)gagner le cœur des Français. Pour cela, la marque mise sur une meilleure qualité de service. Les dirigeants évoquent ainsi la mise à disposition d'une bouteille d'eau pour le passager, à qui le chauffeur ouvrira la portière. G7 a également opté pour une couleur homogène pour l'ensemble de la flotte : lors du renouvellement de leur véhicule, les chauffeurs devront désormais opter pour le noir. Une couleur qui fait mieux ressortir un logo déjà beaucoup plus visible sur l'avant du véhicule (cf photo), mais aussi sur le toit, "pour pouvoir être aperçu depuis sa fenêtre", sourit Serge Metz le Pdg de l'entreprise.

Des prix revus à la baisse

Sans oublier les prix. L'époque des frais d'approche exorbitants est désormais révolue. G7 met en effet l'accent sur les nouveaux forfaits (pour les trajets depuis et vers les aéroports ainsi que pour les frais d'approche), qui correspondent aux plafonds imposés par la loi Thévenoud. Les prix sont désormais peu ou prou alignés sur ceux des voitures de transport avec chauffeur (VTC). Dont la plupart, comme ceux de Marcel ou LeCab, restent tout de même moins élevés, sans compter le temps d'attente gratuit ou l'absence de supplément pour les bagages...

Autre (ancienne) pierre d'achoppement entre chauffeurs et clients : le paiement par carte bancaire. Il est maintenant obligatoire pour tous les partenaires de la centrale de réservation, assure Serge Metz. Avant de lancer:

"Si un chauffeur refuse un paiement en carte bancaire, G7 offre la course et la facture au chauffeur."

Reconquérir les abonnés

La société de taxis, qui déplore une chute de 5% à 10% de ses abonnements entreprises, insiste aussi sur le geste fait pour ses abonnés : moins 20% pendant les heures creuses (10h/17h). Le même rabais est aussi accordé aux jeunes de 15/25 ans, plus seulement le week-end mais tous les soirs de la semaine désormais - le manque à gagner pour le chauffeur étant évidemment compensé par G7. "Chez nous, les jeunes de moins de 18 ans peuvent monter en voiture", glisse-t-il d'ailleurs, assurant que ce n'est pas le cas chez Uber.

     | Lire aussi : CinqS, la start-up qui veut concurrencer G7

En revanche, pas de réduction pour le grand public, comme l'option du "prix maximum garanti" proposée depuis un an sur l'application mobile Taxis Bleus (concurrent de G7, mais dont l'actionnaire majoritaire reste la famille Rousselet), qui plafonne aussi à 10 euros le prix de tout trajet effectué dans Paris intra-muros les soirs de week-end (entre minuit et 6h du matin) ! Un effet positif pour le consommateur de la concurrence de la jeune pousse française Heetch sur ce créneau horaire...

Lire aussi : Taxis, VTC, qui veut la peau de Heetch ?

Mais d'autres "bonnes nouvelles" ne devraient pas tarder, assure Nicolas Banchet, désormais Directeur général délégué de G7, évoquant "trois ou quatre nouveaux produits d'ici trois mois".

Une marque, un service

Bref. La marque veut se différencier de la profession de taxis ("c'est déjà écrit sur le véhicule, pas besoin de le rappeler dans la marque") et souhaite qu'un passager "commande un G7" et non pas un taxi. Un peu comme l'on dirait que l'on commande "un Uber" pour évoquer un VTC (voiture de transport avec chauffeur).

D'ailleurs la réglette permettant de choisir les différents services sur l'application, rappelle un tantinet celle d'Uber. C'est en tout cas ce que sous-entend ce tweet du Directeur de la Communication d'Uber France:

Tout comme les noms : on ne parle plus de "Maxi G7" mais de "Van" par exemple. Et désormais toutes les voitures seront noires, comme ... la plupart des VTC haut-de-gamme.

Des investissements conséquents

Par ailleurs, la marque mise beaucoup sur les réseaux sociaux et la viralité du web pour diffuser ses films publicitaires, avec en prime un passage prévu sur TF1 dimanche soir. Une première pour la marque, qui se donne les moyens de ses ambitions.

Ces investissements se ressentiront en effet dans les comptes de l'entreprise. Ils sont passés de 8 millions à 12 millions d'euros "parce qu'on croit en l'avenir de G7 et en l'avenir des taxis", précisent les dirigeants, qui évoquent un chiffre d'affaires 2015 en baisse de 2% à 75 millions d'euros, et une tendance à la baisse de 8% pour le 1er trimestre 2016. Qu'importe. Il s'agit d'investissements sur le long terme, rappellent-ils.

Or, sur le long terme, il ne faut pas oublier les chauffeurs, tous indépendants, évidemment et dont les deux tiers sont artisans - ils possèdent leur licence, tandis qu'un tiers des chauffeurs affiliés à la centrale de réservation la louent auprès de l'une des filiales du groupe Rousselet. Et ça G7 l'a bien compris. A tel point que la marque a décidé de réunir ses quelque 8.000 partenaires dimanche 15 mai au Zenith pour un congrès. Moderne, G7 a d'ailleurs créé un hashtag tout spécialement pour l'occasion #G7TousEnsembleAuZenith.

Histoire de fidéliser les uns et de rassurer les autres. "La date n'est pas anodine", sourit Serge Metz, expliquant que cela fera certes autant de chauffeurs en moins dans les rues de la capitale, mais que la demande est moins forte la veille d'un lundi de Pentecôte.

En parlant de fidélisation justement, cette initiative d'insister fortement sur la visibilité du logo sur le véhicule ne serait-elle pas un moyen d'empêcher les chauffeurs d'aller voir ailleurs? Comment feraient ceux qui souhaiteraient travailler avec une autre plateforme?

 Lire aussi : Pourquoi Uber ouvre sa plateforme aux taxis?

Reste que G7 multiplie aussi les partenariats. De la mairie de Paris aux Galeries Lafayette en passant par le PSG et la Philarmonie, ce sont autant de contrats qui contribuent à redorer le blason de la marque de taxis tout en améliorant sa visibilité. Le dernier en date étant celui signé avec Loïc Lemeur, l'inventeur de la conférence LeWeb, qui a choisi la flotte de véhicules électriques de G7 pour son nouvel événement "Leaders". Or c'est justement lors de sa venue à Paris pour LeWeb en 2008 que l'Américain Travis Kalanick aurait eu l'idée de créer Uber. Ironie du sort?

Mounia Van de Casteele

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Commentaires 8
à écrit le 30/05/2016 à 2:04
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Ouvrir leur plateforme est certe une stratégie commerciale mais je ne suis pas sûre qu'elle plaise aux clients… Des sociétés comme Eden Transports ou Paris transport services qui se battent pour fidéliser leurs clients doivent le faire grâce à leurs ...

à écrit le 15/05/2016 à 19:47
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Concernant l'acceptation de la carte bancaire dans les taxis de G7, il me semble que c'était déjà le cas non ? Pour les taxis commandes sur Internet a minima. Une seule fois un taxi G7 a refusé de prendre ma carte, m'expliquant que la voiture n'était...

à écrit le 14/05/2016 à 14:05
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Utilisateur duber je vous garantis que c'est une mascarade la plupart des chauffeurs ne connaissent strictement pas Paris ils se comportent comme des voyous ! Et malgré ce qu'on voudrait nous faire croire ce n'est pas moins cher que le taxi !! Vi...

à écrit le 13/05/2016 à 10:41
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Une entreprise forcée de réagir car ses lobby (carence de licence organisée avec la préfecture) en place ont volé en éclats avec l'arrivée de nouveaux acteurs web, innovants au service du consommateur. La stratégie est de copier ce qu'ils ont pass...

à écrit le 12/05/2016 à 19:05
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Trop tard, je ne donne plus d'argent à cette mafia. Ils se réveillent quand la concurence les matte. Je ne passe plus que par Uber

le 17/05/2016 à 12:04
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Je suis un ancien vtc est je m'en suis mis plein les poches avec uber et ses majorations merci les bobi

à écrit le 12/05/2016 à 17:16
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et le tout avec des voitures tchéquo-germaines... On se plein qu'il n'y a plus de boulot en france et on achète toujours à l'étranger... Vous voulez du moins disant? alors j'irais chez Uber. Pourquoi les français joueraient le jeu et pas vous????

le 14/05/2016 à 14:00
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Et bien allez y :) J ai eu une renault latitude et j ai eu les pires ennuis je l ai gardée 1 an et je suis repassé sur une allemande. Bref continuez d enrichir des fonds americains.

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