Uber accusé d'espionner les chauffeurs de son rival Lyft

Alors qu'elle enchaîne les déboires, l'application de VTC est suspectée d'avoir espionné les chauffeurs de son concurrent Lyft via un programme secret, baptisé "Hell". Il y a un mois, la société de Travis Kalanick reconnaissait déjà utiliser un logiciel pour éviter la police.
Anaïs Cherif
Un chauffeur californien qui travaille pour les deux plateformes concurrentes (photo prise à Santa Monica, en mai 2016)

Encore un boulet à traîner pour Uber. La société de Voiture de transport avec chauffeur (VTC) est accusée d'avoir espionné son concurrent Lyft, selon une enquête de The Information. La startup aurait développé un programme secret, répondant au nom de "Hell" ("enfer", en anglais). Cette appellation fait référence à son système utilisé en interne, "Heaven" ("paradis"), qui permet de localiser ses propres chauffeurs.

Selon The Information, le programme Hell permettrait à Uber de connaître les disponibilités des chauffeurs de Lyft, ainsi que leur géolocalisation... Il aurait même permis à la société californienne de repérer les chauffeurs qui conduisent à la fois pour son compte et celui de son rival. D'après les données du programme, 60% des conducteurs Lyft travaillaient pour les deux entreprises, rapporte CNBC. Conséquence : Uber aurait cherché à les détourner de son concurrent en distribuant "des dizaines de millions de dollars par semaine en bonus". Uber aurait utilisé son programme Hell à partir de 2014 aux Etats-Unis et aurait cessé en janvier 2016, au moment où Lyft a levé un milliard de dollars. L'opération n'aurait été connue que de quelques cadres de l'entreprise et son patron Travis Kalanick.

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Uber aligne les polémiques

Et la société, qui accumule les déboires depuis quelques mois, n'en est pas à son coup d'essai. Début mars, Uber a ainsi reconnu avoir utilisé Greyball, un logiciel secret lui permettant d'identifier les représentants de la loi chargés prendre ses conducteurs en flagrant délit dans des villes où ses activités étaient interdites ou bridées.

La plateforme avait commencé l'année en faisant face à un boycott de son application, alors que Travis Kalanick a accepté d'être membre du comité de conseil économique de Donald Trump. Il s'est finalement ravisé début février. Dans la foulée, une "enquête urgente" était diligentée après les accusations d'harcèlement sexuel d'une ancienne salariée, dénonçant le sexisme au sein de l'entreprise. La même semaine, Google portait plainte contre l'entreprise et sa filiale de camions autonomes Otto pour vol de secret industriel et violation de brevet concernant son projet de voiture autonome.

Pour couronner le tout, les départs se sont enchaînés au sein de la société. Afin de redorer son image, Uber ne pourra même plus compter sur Rachel Whatstone : la directrice de la communication a, elle aussi, claqué la porte cette semaine.

Anaïs Cherif

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