Quatre ingénieurs d'Angénieux (Bruno Coumert, Jacques Debize, Dominique Chervin et Christophe Reboulet) ont été distingués, samedi, lors de la 81e cérémonie des oscars scientifiques et techniques pour les qualités optiques et mécaniques des zooms 15-40 et 28-76 pour caméras 35 mm de cinéma (la remise des traditionnels oscars aura lieu le 22 février). C'est le troisième oscar décerné par l'académie américaine à Angénieux. En 1964, l'entreprise de Saint-Héand (Loire) en avait décroché un pour le premier zoom de rapport 10. En 1989, son fondateur, Pierre Angénieux, avait été honoré pour l'ensemble de ses travaux et sa contribution technique au septième art.

En effet, les zooms d'Angénieux sont présents sur 90 % des tournages de films. Plébiscités par les studios américains, ils ont également fait une percée à Bollywood, en Inde, depuis 2008. En France, les films « Mesrine », « l'Instinct de mort », « Largo Winch » et « Secret défense » ont été tournés avec les zooms primés, destinés à la prise d'images à l'épaule. L'activité cinématographique occupe ainsi 60 % des 250 salariés et représente 30 % des 33 millions d'euros de chiffre d'affaires de la filiale de Thales. Avec une valeur ajoutée supérieure à celle d'autres produits phares comme les jumelles de vision nocturne pour fantassins.

L'entreprise s'appuie sur un « socle historique de savoir-faire » issu des inventions de Pierre Angénieux, dans les domaines des calculs optiques, de la mécanique de précision, du traitement des lentilles, de la métrologie. Elle consacre d'ailleurs 10 % de son chiffre d'affaires à la recherche-développement. « Pour survivre, il faut être innovant, affirme son patron, Philippe Parain. Mais l'innovation n'est pas forcément technologique. Les ingénieurs doivent aussi se mettre à la place des utilisateurs. » La société s'est ainsi rapprochée des directeurs de la photographie cinématographique et est devenue membre de leur association en 2008.

Partenariats scientifiques

Angénieux est aussi, avec Canon et Fujinon, l'un des trois fabricants au monde d'équipements optiques pour la télévision. Activité couronnée d'un Emmy award en 2005. Face à la toute-puissance des laboratoires de recherche japonais comme NHK, qui profite pleinement à ses concurrents, la société ligérienne multiplie les partenariats avec les scientifiques du pôle optique Rhône- Alpes à Saint-Étienne et du pôle de compétitivité mécanique ViaMéca. Mais « nous ne sommes pas à pied d'égalité avec les groupes japonais. Leur marché n'est pas ouvert », déplore Philippe Parain. Thales-Angénieux ne renonce pas pour autant.

Ses jumelles de vision nocturne sont très recherchées par les militaires. Maître d'?uvre du programme Felin (Fantassin à équipements et liaisons intégrées), Sagem Défense Sécurité a choisi la nouvelle génération de jumelles de vision nocturne, la Minie D, pour l'équipement de tête des fantassins de l'armée de terre française. Ce marché porte sur la fourniture de 14.000 jumelles en cinq ans pour un montant total de 74 millions d'euros. n