COP15 Biodiversité : 193 pays entament les négociations pour sauver nos écosystèmes

L'état de la biodiversité de la planète pourrait se traduire par ces deux chiffres: depuis 1970, 68% des vertébrés ont disparu, et depuis 30 ans, c'est 75% des insectes qui ont été effacés de la surface du globe. C'est dire la nécessité de cette COP15 sur la biodiversité, qui voit, ce lundi 23 août, les délégations des 193 pays membres de la Convention sur la diversité biologique (CBD) des Nations Unies entamer leurs négociations en ligne, lesquelles dureront jusqu'au 3 septembre. Le but : s'entendre sur un premier cadre mondial pour la protection de la faune et la flore, en définissant les 21 cibles à atteindre d'ici à 2030, et en révolutionnant le fléchage des subventions.
Marine Godelier
Depuis 1970, 75% des insectes ont été effacés de la surface du globe, selon les chiffres du WWF.

Préparer un premier projet de cadre mondial pour la protection de la nature, afin d' « assurer le maintien des services fournis par les écosystèmes » : la mission est de taille pour les délégations des 193 pays membres de la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies, qui reprennent des négociations en ligne dès ce lundi 23 août - le premier échange depuis la publication d'un projet de texte sur le sujet en juillet dernier. Car la biodiversité doit être placée dès à présent « sur la voie du rétablissement d'ici à 2030 », alertent-ils : modification des habitats naturels, surexploitation des ressources ou invasion d'espèces exotiques... selon l'IPBES (la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), un million d'espèces animales sont menacées de disparition, et la mauvaise santé des écosystèmes menace l'avenir des humains.

Et le changement est déjà en route : depuis 1970, 68% des vertébrés ont disparu, et depuis 30 ans, c'est 75% des insectes qui ont été effacés de la surface du globe, selon les chiffres du WWF (Fonds mondial pour la nature).

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Dans ce contexte d'érosion de la faune et de la flore, aggravée par des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes, la Convention sur la diversité biologique (CDB) appelle à l' « urgence ». Elle espère ainsi formaliser le plan stratégique international « post-2020 » présenté en juillet, pour réduire les menaces et les outils pour leur mise en œuvre. Celui-ci devra être finalisées en présentiel pour la tenue de la COP15 sur la biodiversité à Kunming en Chine, qui vient d'être repoussée à avril 2022.

« Une action stratégique urgente aux niveaux mondial, régional et national est nécessaire pour transformer les modèles économiques, sociaux et financiers de manière à stabiliser les tendances responsables de l'aggravation de la perte de biodiversité au cours des dix prochaines années (d'ici à 2030) et à permettre la reconstitution des écosystèmes naturels au cours des vingt années suivantes, avec des améliorations nettes d'ici à 2050 pour réaliser la vision de la Convention qui est de « vivre en harmonie avec la nature d'ici à 2050 », peut-on lire sur la première ébauche.

21 cibles pour 2030

Concrètement, le cadre actuellement en négociation retient une approche globale, et définit 21 cibles à atteindre dans la décennie, de manière à « inciter les gouvernements et l'ensemble de la société, y compris les peuples autochtones, les communautés locales, la société civile et les entreprises, à prendre des mesures urgentes et transformatrices ». Il demande, par exemple, à « veiller à ce qu'au moins 20% des écosystèmes d'eau douce, marins et terrestres dégradés fassent l'objet d'une restauration », que « le prélèvement, le commerce et l'utilisation des espèces sauvages soient durables, légaux et sans danger pour la santé humaine », ou encore à réduire « d'au moins 50% » le taux d'introduction des espèces exotiques envahissantes.

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Cependant, il n'incite pas à se détourner de l'utilisation des écosystèmes « au profit des humains », mais à les exploiter d'une manière « qui n'entraîne pas le déclin de la diversité biologique ». Ainsi, il s'agit de « garantir des avantages » en matière de nutrition, de sécurité alimentaire ou encore de médicaments pour les populations par une gestion « durable » - notamment pour les zones d'agriculture, d'aquaculture et de sylviculture.

Nouveau fléchage des subventions

Des objectifs qui passent par un changement dans la façon d'orienter les financements, estime la CDB - alors que le WWF tirait la sonnette d'alarme jeudi dernier sur le montant des aides publiques nocives à la nature (près de 500 milliards de dollars par an selon des travaux de l'OCDE). « Des investissements importants seront nécessaires pour assurer la conservation de la diversité biologique, sachant qu'ils procureront de nombreux avantages environnementaux, économiques et sociaux en retour », affirmait déjà la CDB dans son plan stratégique 2011-2020.

Pour opérer un vrai changement d'ici à 2030, elle appelle désormais à « réorienter, réaffecter, réformer ou éliminer les incitations néfastes pour la biodiversité, de manière juste et équitable, en les réduisant d'au moins 500 milliards de dollars par an », et à « veiller à ce que les incitations, y compris les incitations économiques et réglementaires publiques et privées, soient positives ou neutres en matière de biodiversité ».

Marine Godelier

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Commentaires 7
à écrit le 24/08/2021 à 9:42
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Les zones mortes se multiplient et s'étendent chaque année également n'étant dues qu'aux engrais agricoles. La disparition des insectes se constate chaque jour car elle est spectaculairement alarmante, il y a encore 20 ans on ne pouvait pas faire 30 ...

le 24/08/2021 à 19:43
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Je ne doute pas de la baisse du nombre d'insectes,mais quand je circule sur voie rapide ou autoroute,c'est un massacre. Rien sur des centaines de km,ça m'étonne beaucoup.

le 25/08/2021 à 10:03
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600 kms la semaine dernière et 800 la semaine d'avant et toujours aucun besoin de nettoyer mon pare brise, alors je ne prends pas les autoroutes c'est sûr mais le massacre était sans prendre les autoroutes il y a 20 ans, par contre je sent bien que c...

à écrit le 24/08/2021 à 0:50
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Ces chiffres me paraissent totalement fantaisistes ! Je suis au Costa Rica, et croyez moi, les insectes se portent très bien (!) et ne sont nullement menacés d'extinction !!!

le 24/08/2021 à 6:33
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aujourd'hui il pleut : pas de changement climatique donc..... demain il fait beau : il y a changement climatique ? pour être plus précis dans votre information, pouvez vous citer le nom et le type d'insectes qui vous entourent ?

le 24/08/2021 à 12:36
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Non, il y a une chute vertigineuse du nombre d'insectes, ce sont les cons qui ne sont hélas pas menacés d'extinction...

le 25/08/2021 à 9:07
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Tous les insectes se sont donc rendez vous au Costa Rica, on comprend mieux pourquoi il n'y en a plus ici.

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