E-Commerce : Hipli cette startup qui propose des emballages réutilisables

La startup havraise Hipli propose aux e-commerçants des emballages repliables et réutilisables à renvoyer par voie postale. Une alternative vertueuse qui a tapé dans l’œil de Colissimo.
Une fois l'emballage vidé et replié, le particulier n'a plus qu'à le glisser dans n'importe quelle boite aux lettres de la Poste. Le taux de retour est de 90%.
Une fois l'emballage vidé et replié, le particulier n'a plus qu'à le glisser dans n'importe quelle boite aux lettres de la Poste. Le taux de retour est de 90%. (Crédits : Hipli)

Elle fait partie de ces jeunes pousses dont on se dit « mais pourquoi n'y a-t-on pas pensé plus tôt ? » Créée par deux trentenaires à la tête bien faite, Anne-Sophie Raoult et Léa Got, Hipli s'est donnée pour vocation d'aplanir l'Himalaya de déchets plastique et carton que génère le commerce en ligne.

Un défi quasi-prométhéen auquel elle s'attaque avec une gamme d'emballages tous terrains en polypropylène zippé, conçue avec les designers du groupe lyonnais Zebra. Leur catalogue comprend pour l'heure, trois tailles de pochettes souples et une boîte rigide, réutilisables 100 fois et pouvant renfermer indifféremment des vêtements, des livres ou de l'alimentaire.

Quand La Poste cherche à démocratiser l'emballage réutilisable

Particularité ? Une fois débarrassés de leur contenu, ces colis sont repliables au format courrier et peuvent être insérés dans n'importe quelle boîte aux lettres jaune. Hipli se chargeant de leur réception, de leur nettoyage (confié à deux ESAT havraises) et de leur remise sur le marché. Le concept est séduisant et le démarrage, sinon fulgurant, au moins encourageant. Moins de deux ans après sa mise à feu, l'entreprise (8 collaborateurs) revendique 120.000 emballages en circulation, plus de 250 e-commerçants clients et un taux de retour très honorable de 90%.

Poussé par les nouveaux consomm'acteurs et une réglementation plus corsetée, plusieurs grands comptes commencent à s'intéresser à sa solution. Le français C-Discount vient de franchir le pas pour une vingtaine de produits, et le leader européen de la vente d'emballages Raja commercialise désormais ces colis réutilisables made in Normandie.

Depuis quelques semaines, la jeune société peut compter sur un autre allié de poids. Elle a en effet signé en octobre un partenariat avec la filiale de La Poste, Colissimo - acteur majeur de la livraison de colis avec 50% de parts de marché - qui lui a ouvert tout grand son (énorme) portefeuille de clients contre la promesse, pour eux, d'une petite ristourne.

« En tant qu'entreprise responsable, notre rôle est de démocratiser l'emballage réutilisable. Aussi l'idée est d'aider cette startup très intéressante à passer à l'échelle. Elle en a la capacité », explique Jean-Yves Gras, directeur général de Colissimo.

Cet accord devrait notamment permettre à Hipli d'améliorer la technicité de ses produits. L'un des premiers défis sera de les rigidifier pour satisfaire aux contraintes de la voie postale. « La Poste est prête à passer le coût du retour de 86 à 50 centimes à condition que nos colis vides soient acceptés par les machines automatiques de tri de courrier », détaille Anne-Sophie Raoult. À la clef, une baisse du coût unitaire aujourd'hui compris entre 1,60 et 1,95 euro, environ cinq fois plus cher qu'un contenant en carton ou en plastique basique.

Cosmétique et high tech en ligne de mire

Pour se développer, les deux fondatrices misent aussi sur un élargissement de leur gamme, encore trop circonscrite à la distribution textile. Difficile d'imaginer un smartphone envoyé dans une pochette souple. Aussi, le partenariat avec la filiale de La Poste comporte aussi un volet R&D. Objectif : co-concevoir de nouvelles solutions d'emballage, y compris en matière de traçabilité et de sécurité.

« Nous visons en priorité des secteurs comme la cosmétique, qui est en quête de solutions durables, et la high tech, qui cherche à verdir sa supply chain », indique Jean-Yves Gras.

Quant à savoir quelle part pourrait occuper le réutilisable dans l'océan du milliard de colis livrés en France chaque année, le patron de Colissimo ne se risque pas à des pronostics précis. « Pour l'instant, elle est de zéro puisque c'est un secteur naissant, mais pourquoi pas espérer passer à 20% d'ici cinq à dix ans. » Ce qui représenterait tout de même la bagatelle de 200 millions de colis... À méditer devant une poubelle jaune.

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