One Ocean Summit : pourquoi la protection des mers est un enjeu pour Macron

Invités par le président de la République français, une quarantaine de chefs d'États et de gouvernements seront présents à Brest vendredi pour le sommet One Ocean Summit consacré à la préservation des océans. Les thématiques abordées seront celles qui, selon la présidence de la République, correspondent aux quatre principaux enjeux actuels de protection des océans. L'Élysée promet des engagements concrets et plusieurs coalitions internationales.
Giulietta Gamberini
Les ONG mettent en doute le rôle modèle que voudrait incarner la France, qui possède la deuxième plus grande zone économique exclusive (ZEE) au monde grâce aux outre-mer.
Les ONG mettent en doute le rôle modèle que voudrait incarner la France, qui possède la deuxième plus grande zone économique exclusive (ZEE) au monde grâce aux outre-mer. (Crédits : Pixabay / CC)

Relever le niveau de l'ambition politique, et la faire porter au plus haut niveau des États, dès le début d'une année cruciale pour la protection des océans: telle est l'ambition du sommet organisé par le président de la République française du 9 au 11 février à Brest, le One Ocean Summit. Emmanuel Macron mise notamment sur le semestre de la présidence française de l'Union européenne, laquelle dispose du plus grand territoire maritime du monde, pour soutenir cet objectif dans le cadre d'une approche multilatérale, explique l'Élysée.

Lors d'un "segment de haut niveau" organisé vendredi, une quarantaine de chefs d'État et de gouvernement seront présents, physiquement ou en vidéo, parmi lesquels notamment la Chine, les États-Unis, l'Inde, ou encore l'Égypte - qui présidera la prochaine édition de la COP consacrée au climat, la COP 27. Ils prendront tous des engagements concrets, assure l'Élysée, qui promet également l'émergence de plusieurs "coalitions d'actions".

L'Accord du Cap de 2012 en vue d'être ratifié

Les thématiques abordées seront celles qui, selon la présidence de la République, correspondent aux quatre principaux enjeux actuels de protection des océans, et qui feront l'objet en 2022 d'évènements internationaux cruciaux.

Dans le cadre du premier enjeu, relatif à la préservation des ressources et de la biodiversité marines, l'Elysée espère notamment parvenir au renforcement du réseau mondial d'aires marines protégées, de la protection d'espèces marines vulnérables et de la pêche durable.

Il affirme notamment que les engagements des Etats présents permettront d'atteindre le nombre de parties nécessaires pour la ratification et donc l'entrée en vigueur de l'Accord du Cap de 2012 de l'Organisation maritime internationale (OMI), destiné à renforcer la sécurité des navires de pêche et à lutter contre la pêche illégale. Paris promet aussi, pour sa part, de dépasser dès cette année son objectif de 30% d'eaux protégées.

La France compte encore soutenir "une conclusion ambitieuse" des négociations autour de la biodiversité en haute mer, qui doivent se tenir en mars à l'Organisation des nations unies (ONU). Empêtrées dans une dimension technique, ces négociations doivent désormais être relancées par un "mandat clair fixé par les chefs des Etats et des gouvernements", explique l'Elysée.

Le plastique et les puits carbone au centre des discussions

Concernant le deuxième enjeu - la lutte contre les pollutions, notamment celle due au plastique -, l'objectif est surtout de soutenir l'ouverture de négociations, prévues à l'ONU en février, pour l'adoption d'un traité international engageant les pays à en réduire l'usage et à en améliorer le recyclage. L'initiative européenne Clean Ocean, soutenant des projets publics et privés de lutte contre la présence de déchets plastiques dans les cours d'eau, dans les mers et les océans et sur terre, pourrait aussi obtenir, grâce au One Ocean Summit, un doublement de ses financements, en atteignant 4 milliards d'euros, selon l'Elysée.

Quant au troisième enjeu, concernant la contribution des océans à la lutte contre le réchauffement climatique, Paris veut accélérer la décarbonation du transport maritime -exclu de l'Accord de Paris. Les dirigeants des géants européens du transport maritime par conteneurs, tels CMA CGM, Maersk, Hapag-Lloyd et MSC, sont annoncés. Paris veut aussi encourager les investissements dans la protection et la restauration des puits de carbone naturels: un domaine encore "sous-financé et peu structuré" malgré le développement du marché mondial des crédits carbone.

Il espère enfin - quatrième enjeu - "relancer l'ambition d'une gouvernance concertée de la haute mer", aujourd'hui très dispersée.

Seulement 1,6% des eaux françaises strictement protégées

Les ONG mettent toutefois en doute le rôle modèle que voudrait incarner la France, qui possède la deuxième plus grande zone économique exclusive (ZEE) au monde grâce aux outre-mer. Elles regrettent notamment que seulement 1,6% des eaux protégées françaises le soient en protection stricte. Elles s'insurgent aussi contre les captures accidentelles de dauphins communs, encore aujourd'hui tués dans des engins de pêche au large des côtes françaises.

Les ONG s'inquiètent aussi de la volonté de la France, soutenue par le récent plan d'investissement France 2030, d'explorer les fonds marins à plus de 4.000 mètres de profondeur, car susceptibles de contenir des minerais nécessaires à la transition énergétique. Le gouvernement assure toutefois que les zones nationales assujetties à une "protection forte" feront seulement l'objet d'une exploration, avec aucune exploitation.  Les autres seront exploitées conformément aux règles du Code minier, en cours de révision. Au niveau international, la France assure soutenir un encadrement des pratiques dans l'attente d'un traité.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 3
à écrit le 10/02/2022 à 9:39
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A deux mois de sa mise en retrait, il promet toujours... se sachant "gagnant/gagnant" sur les promesses faites qui ne serons jamais réalisé! Que de com!! Car il ne peut prévoir l'avenir!

à écrit le 10/02/2022 à 9:29
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On ne touche pas à la surpêche, on ne touche pas à la production du plastoc, on n'interdit pas les constructions sur le proche littoral sous risques de submersion, Etc... Bref Quel est le menu, combien ça coute et qui paye..

à écrit le 10/02/2022 à 8:12
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L'avantage du parc éolien offshore est qu'il préserve une surface maritime des ravages de la pêche industrielle or pourtant un seul aura été inauguré sous le quinquennat de notre président donc soit il y a des vérités non dites, peut-être des dégâts ...

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