Pourquoi la Bretagne s'est doté d'un Haut conseil pour le Climat

La Bretagne, qui compte près du tiers des communes françaises menacées par la montée des eaux, continue de se préparer aux effets du dérèglement climatique. Le Haut Conseil Breton pour le Climat, créé mi-mai, et dont la première réunion plénière est fixée au 28 juin, sera un organe d'aide à la décision politique régionale sur tous les sujets climatiques et environnementaux: eau, biodiversité, d'agriculture, habitat, économie…
En Bretagne, la question de l'érosion côtière est d'importance: 41 des 126 communes françaises exposées en priorité à la montée des eaux et à l'érosion du littoral sont situées dans cette région.
En Bretagne, la question de l'érosion côtière est d'importance: 41 des 126 communes françaises exposées en priorité à la montée des eaux et à l'érosion du littoral sont situées dans cette région. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

En 2017, la Bretagne avait inauguré la première démarche régionale de mobilisation pour répondre à l'urgence climatique et environnementale. Sa « Breizh COP », calquée sur le modèle des COP internationales, affiche 38 objectifs et vise à inciter tous les acteurs du territoire à s'engager dans un « projet d'avenir durable ».

Après les citoyens et les entreprises, la Région veut désormais s'entourer des conseils des scientifiques. Dans la foulée de l'adoption en décembre 2021 de sa stratégie Climat, le Conseil régional avait prévu de s'appuyer sur un groupe indépendant d'experts pour orienter les politiques publiques liées à la prise en compte du changement climatique.

Mi-mai, et en présence de Franck Lecocq, co-auteur du dernier rapport du GIEC, le président de la région, Loïg Chesnais-Girard a installé pour six ans un Haut Conseil Breton pour le Climat.

Préparer la région aux changements en cours

Alors que le dernier rapport du Giec alerte sur un dépassement de 1,5°C de la température mondiale dans les cinq prochaines années, cette instance co-présidée par Anne-Marie Tréguier, océanographe physicienne et directrice de recherche au CNRS-Université de Bretagne occidentale, et Vincent Dubreuil, professeur de géographie à l'Université Rennes 2, réunit vingt scientifiques.

Elle a pour mission d'éclairer les élus et d'orienter la politique régionale afin de mieux préparer la Bretagne aux changements climatiques et environnementaux en cours.

Pour Vincent Dubreuil, il s'agit notamment d'"étudier comment les résultats des derniers rapports du GIEC se déclinent sur la Bretagne" afin de définir "quelles sont les stratégies d'adaptation pour le climat dans la Région", expliquait-il en mai au micro de France3 Régions.

Économie, habitat, santé-environnement, agronomie...

Organe d'aide à la décision politique, le Haut Conseil Breton s'inspire du Haut Conseil national pour le Climat et des groupes d'experts mis en place dans d'autres régions (GIEC normand ou Conseil de la transition énergétique et du climat en Nouvelle-Aquitaine).

Consultatif et pluridisciplinaire, il interviendra dans tous les domaines : économie, habitat, qualité de l'eau, santé, biodiversité, agriculture...

« La nouvelle instance est composée de scientifiques issus d'universités, d'établissements d'enseignement supérieur ou d'instituts de recherche bretons sélectionnés via un appel à candidatures. Dix-sept domaines d'expertises sont recensés. Certains experts sont spécialisés dans la santé-environnement, le bâtiment énergie ou l'agronomie », détaille Anne-Marie Tréguier, qui poursuit:

« Notre mission est d'orienter la Région sur la cohérence et la pertinence de ses politiques au regard des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de préparation de la Bretagne aux effets du dérèglement climatique. »

Sous la houlette de ses deux co-présidents, le Haut Conseil a démarré la construction de son programme de travail et planifié trois réunions plénières d'ici à la fin 2022, dont une première le 28 juin.

Les travaux portés par le Haut Conseil pourront se concrétiser par des avis écrits, des rapports, des cahiers thématiques ou tout autre support. L'instance pourra également faire appel à des expertises extérieures.

Une grande région agricole et maritime très exposée

« L'action du Haut Conseil s'inscrit en complémentarité et en articulation très étroite avec les acteurs pouvant intervenir sur le champ du dérèglement climatique », relève la Région Bretagne.

Il travaillera notamment avec le Conseil économique, social et environnemental régional (CESER), l'Observatoire de l'environnement en Bretagne (OEB), l'Agence bretonne de la Biodiversité (ABB), le Centre de ressources et d'expertise scientifique sur l'Eau en Bretagne (CRESEB) et la chambre régionale d'agriculture.

Grande région agricole et maritime, la Bretagne est particulièrement exposée aux effets du réchauffement climatique.

Sécheresse et montée des eaux

Depuis 1945, une augmentation des moyennes de températures, comprise entre 1,3 et 1,5 degrés Celsius a été observée. Outre une préoccupation des géographes sur la répartition des pluies et le déficit pluviométrique, d'autres questions comme celle de l'érosion côtière sont particulièrement cruciales dans cette région qui compte près d'un tiers (41) des 126 communes françaises exposées en priorité à la montée des eaux et à l'érosion du littoral.

Indépendant dans son fonctionnement, le nouveau comité est d'ailleurs présenté comme un « phare » pour les élus régionaux sur ces questions épineuses.

« On a besoin du regard éclairé des experts et d'une méthodologie pour poser un diagnostic et porter un regard sur nos choix », a expliqué le président de la Région, Loïg Chesnais-Girard, lors de l'installation du haut Conseil.

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Commentaire 1
à écrit le 03/06/2022 à 10:30
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encore un mille feuille de plus et ils ont des proches a confier au emplois anciennement fictif

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