Près d'un milliard d'euros en plus pour doper la "révolution alimentaire" du gouvernement

Aux 2 milliards d'euros dédiés à la révolution alimentaire qui avaient été annoncés dans le cadre du plan France 2030, viendra s'ajouter une enveloppe de 877 millions déployée dans le cadre du quatrième plan d'investissement d'avenir (PIA4). Vendredi 6 novembre, à l'occasion d'un déplacement dans la Drôme, les ministres Julien Denormandie, Agnès Pannier-Runacher et Frédérique Vidal, ont dévoilé les ambitions sous-jacentes à ce PIA4 : moderniser les équipements agricoles, soutenir une alimentation durable et saine, et permettre à la France de retrouver une certaine souveraineté alimentaire.
Un rayon de fruits et légumes biologiques dans un supermarché à Strasbourg.
Un rayon de fruits et légumes biologiques dans un supermarché à Strasbourg. (Crédits : Eric Gaillard)

Trente milliards d'euros. C'est le montant mobilisé dans le cadre du plan France 2030 présenté par le président de la République le 12 octobre dernier, et destiné à soutenir l'innovation en France. Sur cette enveloppe, 2 milliards seront fléchés sur cinq ans vers la révolution alimentaire, auxquels viendront s'ajouter 877 millions d'euros issus du quatrième plan d'investissement d'avenir (PIA4).

Vendredi 6 octobre, c'est l'allocation de ces 877 millions qui a été dévoilée par les ministres Julien Denormandie, Agnès Pannier-Runacher et Frédéric Vidal, à l'occasion d'un déplacement dans la Drôme. L'objectif est double : moderniser les équipements agricoles et soutenir une nutrition durable et saine.

Le financement prendra la forme d'appels à projets, le but étant de répartir l'ensemble des crédits d'ici juin 2022, de sorte à ce que chaque entreprise porteuse d'un projet puisse bénéficier d'une subvention publique et déployer ensuite un montant d'investissement.

Le secrétaire général pour l'investissement Guillaume Boudy a d'ailleurs expliqué que l'objectif était de « favoriser ainsi un effet de levier », pour récolter des financements de la part des entreprises et des collectivités, permettant de majorer ceux octroyés par les pouvoirs publics.

Moderniser les équipements agricoles

Le premier volet du PIA annoncé par le gouvernement vise ainsi à « développer des équipements agricoles contribuant à la transition écologique » et se verra attribuer un budget de 428 millions d'euros. Il s'agira de moderniser le matériel agricole et d'élevage, mais aussi de développer plus en profondeur les technologies numériques appliquées à l'agriculture, à l'image des capteurs de carbone dans le sol ou de l'intelligence artificielle, utilisée comme outil de diagnostic et d'aide à la décision.

« La troisième révolution agricole sera celle de la donnée », a ainsi souligné la ministre de l'innovation Frédérique Vidal, alors que le ministre de l'agriculture, a lui parlé d'une « révolution de la connaissance du vivant », englobant quatre piliers : « le numérique, la robotique, la génétique et le bio-contrôle ».

Il s'agit notamment de réduire l'empreinte carbone dans l'agriculture et son utilisation de produits phytosanitaires et d'engrais, en développant l'agriculture de précision, le recours à des variétés génétiques plus résistantes aux aléas météorologiques, mais aussi la méthanisation.

Le PIA4 entend en effet donner la priorité à l'agro-robotique, dont le ministre de l'agriculture Julien Denormandie, a vanté les vertus.

« La robotique permet de sortir des contradictions entre plusieurs défis environnementaux », a-t-il expliqué, illustrant ses propos en prenant l'exemple des procédés de captation du CO2.

« L'agriculture de conservation, qui permet de capter le carbone dans le sol, implique aujourd'hui de recourir au désherbage et pose donc un problème pour la préservation de la biodiversité », a-t-il détaillé. « Or l'agro-robotique permet de concilier les deux », a-t-il fait valoir. De son côté, la ministre de l'innovation a rappelé le rôle clé du bio-contrôle pour permettre de « s'adapter au changement climatique ».

En vue de développer de nouveaux agro-équipements, un « grand défi robotique agricole » va être lancé. Le PIA4 soutiendra à cet effet deux Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) dotés de 95 millions d'euros et pilotés par l'Inrae et l'Inria. Le but : « soutenir la recherche amont », sur « l'agro-robotique », « la disponibilité des données et des technologies », ou encore « le déploiement de ces innovations tout au long de la chaîne alimentaire », indique le programme.

Réinventer la filière alimentaire

Le deuxième volet de la stratégie d'accélération du PIA4, qui se verra quant à lui octroyer 449 millions d'euros, sera consacré à l'alimentation, pour développer la digitalisation et l'automatisation de la filière et conduire des recherches sur le microbiome notamment, afin de déployer des solutions pour répondre à une exigence résumée par la ministre de l'Industrie à « manger bien, sainement, et en protégeant la planète ».

A cette fin, elle a également appelé à « améliorer l'appareil de production existant, aujourd'hui vieux de 17 ans en moyenne », et à « sortir des impasses de production » sur toute une série d'intrants critiques, tels que les protéines végétales ou animales utilisées entre autres pour nourrir les élevages, ou encore certains ferments, qui sont aujourd'hui compensés par des importations.

Parmi les mesures annoncées figurent notamment des « challenges technologiques » visant à soutenir des collectifs pour répondre à des défis sur « l'éco-agilité et l'alimentarité des emballages », ainsi que des « dispositifs de soutien à l'innovation pour accompagner le développement de nouvelles solutions technologiques par les PME et les ETI ». Un autre PEPR, doté de 60 millions d'euros, est également prévu, piloté par l'Inrae et l'Inserm, afin de « mieux comprendre les liens entre santé et alimentation ».

Cap sur la compétitivité et la souveraineté alimentaire

Les ministres ont également insisté sur la vision stratégique sous-jacente à ce PIA4 : améliorer la compétitivité de la France sur le plan agro-alimentaire, « tout en conciliant ce défi de compétitivité avec les défis nutritionnel et environnemental », a expliqué Julien Denormandie.

La ministre de l'Industrie a également affirmé que l'action d'Emmanuel Macron avait consisté à « rompre avec 30 ans de capitulation industrielle », et que l'objectif était de permettre aux filières agroalimentaires de « regagner des parts de marché à l'export », en opérant notamment des « relocalisations stratégiques » dans les secteurs confrontés à des impasses de production, et en déployant des mesures incitatives pour les entreprises, telles « des baisses d'impôts sur la production et sur les sociétés », ou encore « une diminution de la fiscalité du capital ».

Autre objectif affiché à l'occasion du lancement du PIA4 : le gouvernement ambitionne, en mettant le cap sur la compétitivité, de « recréer des emplois en France » dans le secteur agro-alimentaire, et le chiffre de « 2.000 emplois créés à la clé » a d'ailleurs été avancé par Agnès Pannier-Runacher.

Lire aussi 7 mnAgriculture décarbonée : 469.000 emplois pourraient être créés d'ici 2050

Reste à voir quels projets seront proposés par les startups, PME et ETI françaises dans le cadre des appels à manifestation d'intérêts lancés par le gouvernement, et lesquels d'entre eux se verront octroyer les subventions prévues dans le cadre du quatrième plan d'investissement d'avenir (PIA4).

Pour rappel, le précédent plan (PIA3), mis en place en 2017, avait catalysé l'émergence de plusieurs startups dans le secteur agro-alimentaire, comme NeoFarm, qui utilise la technologie pour produire des fruits et légumes biologiques grâce à un modèle de micro-fermes, ou encore Naïo Technologies, qui s'appuie, elle, sur des robots agricoles disruptifs, intégrant des outils d'intelligence artificielle, pour opérer un désherbage de précision.

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Commentaires 5
à écrit le 09/11/2021 à 18:49
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Pourquoi une révolution alimentaire? Qui a envie de changer son alimentation? C'est étrange comme les politiques sont dans la transition voire la révolution: on dirait que l'on fait tout mal en France....

à écrit le 09/11/2021 à 15:57
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le salaire des dirigeants des coopératives agricoles épinglé. l 350000 euro. rendons l agriculture aux paysans pour une agriculture raisonnée

à écrit le 09/11/2021 à 15:56
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le salaire des dirigeants des coopératives agricoles épinglé. l 350000 euro. rendons l agriculture aux paysans pour une agriculture raisonnée

à écrit le 09/11/2021 à 14:13
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Qui n'a de révolution que le nom vu que le lobby agro-industriel continu d'y faire ce qu'il veut. C'est un peu honteux quand même hein et surtout hasardeux puisque les ficèles des agro-industriels étant toujours grosses et sales on les voit particuli...

à écrit le 09/11/2021 à 13:41
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Révolution alimentaire ou saupoudrage électoral ?

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