Recyclage des plastiques : quand l’agriculture montre l’exemple

Près de 80% des plastiques utilisés en agriculture ont droit à une deuxième vie en France contre seulement un tiers pour ceux à usage alimentaire. Ce taux déjà exemplaire pourrait être encore amélioré grâce aux deux nouvelles filières de recyclage en passe de voir le jour en Normandie. Explications.
L'éco-organisme Adivalor a collecté 9.300 tonnes de big bags agricoles l'an dernier en France
L'éco-organisme Adivalor a collecté 9.300 tonnes de big bags agricoles l'an dernier en France (Crédits : Adivalor)

Voilà au moins un sujet sur lequel les adeptes de l'agribashing trouveront peu à redire. Si l'agriculture française est une grosse consommatrice de plastiques -on parle même de plasticulture-, elle sait aussi les recycler dans des proportions importantes. Qu'on en juge. Adivalor, l'éco-organisme chargé d'organiser leur ramassage et leur valorisation, indique avoir collecté, l'an dernier, 89.000 tonnes de ces déchets agricoles -soit 77% du gisement hexagonal- pour un taux de recyclage tutoyant les 90% (hors films de paillage). Une performance à rendre jaloux d'autres secteurs.

L'affaire est dans le sac

Fort de ses bons résultats, Adivalor accentue aujourd'hui ses efforts pour « localiser en France un maximum de capacité de recyclage », explique son directeur général Ronan Vanot. La société vient ainsi d'annoncer la construction près de Gisors dans l'Eure de la première unité française de recyclage des big bags : ces grands sacs utilisés dans l'agriculture pour conditionner les engrais, les produits phytosanitaires ou les semences. Massivement collectés, ces emballages constitués de polypropylène et de polyéthylène étaient jusqu'ici envoyés en Italie, Espagne et Pologne pour être transformés à nouveau en billes de plastique. A compter de l'été prochain, ils subiront donc le même traitement mais sans passer les frontières.

Soutenu par France Relance, le projet est né d'un partenariat entre l'éco-organisme qui approvisionnera l'installation en big bags et l'entreprise Novus, fondée par deux entrepreneurs normands dont Luc Letierce, président du groupe All Sun installé dans l'Eure et spécialisé négoce de fournitures agricoles. A l'origine de la mise au point d'un procédé innovant inspirée des broyeurs agricoles, Novus indique engager 10 millions d'euros dans l'opération. L'usine, qui comptera une quinzaine de salariés, devrait être en capacité de fournir à terme quelque 10.000 tonnes de matière plastique recyclée de « haute qualité ». « Elle pourra être incorporée dans la fabrication d'emballages neufs, en substitution de matière plastique vierge », assurent les partenaires.

« Une solution unique au monde »

A quelques dizaines de kilomètres de là dans l'Orne, ce ne sont pas des sacs que convoite la startup RecyOuest mais les filets et ficelles qui entourent les balles rondes (ou roundballers dans la langue de Shakespeare) de paille et de foin. Fondée par une jeune entrepreneure d'origine péruvienne, la bien-nommée Marcela Moisson, elle a mis au point ce qui est présenté comme « une solution de regénération unique au monde » pour ces déchets plastiques. Croisement des méthodes du textile et de la plasturgie, son procédé de nettoyage à sec n'utilise, en effet ni eau, ni produits, ni chimiques.

Egalement épaulée par Adivalor et labellisée par la fondation Solar Impulse, l'entreprise installée à Argentan a mis à feu cet été une unité de traitement qui devrait produire plus de 6.000 tonnes de matière plastique recyclée par an. « De très haute qualité, elle intéressera un grand nombre de plasturgistes », assurait il y a peu sa fondatrice. Côté approvisionnement, RecyOuest n'entend pas se limiter à l'hexagone. Soutenue par un groupement de « plasticulteurs » européens, elle espère drainer « l'ensemble des filets agricoles » usagés du vieux continent. Elle pourrait être aidée en cela par les nouveaux dispositifs de collecte que mettent en place plusieurs Etats membres de l'UE, dont l'Allemagne et l'Irlande, auprès de leurs éleveurs.

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