Juan José Suarez Coppel : "Pemex doit fonctionner comme une entreprise cotée"

On dit que la production pétrolière du Mexique va baisser à partir de 2008 si rien n'est fait pour développer de nouveaux champs. Ce serait catastrophique pour le pays...Notre plus grand champ, celui de Cantarell, est effectivement arrivé à maturité. Il nous faut donc en développer de nouveaux pour, si l'on veut maintenir la production au niveau actuel, compenser cette baisse attendue. Mieux, nous espérons, à partir de 2008-2009, l'augmenter avec des puits en eaux profondes.Mais Pemex semble avoir des difficultés à investir...La question n'est pas tant celle des ressources que celle de la gestion de Pemex, qui doit lui permettre d'avoir les capacités, en termes de gestion, de technologie, d'agir dans l'intérêt de tous à l'avenir. Après tout, le pétrole est l'actif le plus important du pays. C'est donc de la modernisation de Pemex dont il s'agit.Faut-il, puisque c'est une entreprise d'État, la privatiser ?Il n'est pas nécessaire de privatiser Pemex pour lui permettre de jouer à égalité avec les autres "majors". Ni même de changer la Constitution, qui effectivement sacralise Pemex. Il faut néanmoins changer la loi organique de l'entreprise, pour faire en sorte qu'elle obtienne plus de flexibilité dans son fonctionnement. Et plus de responsabilités aussi. Pemex, qui doit demander son budget tous les ans au Congrès, n'est pas libre de ses investissements, ni de la manière de les réaliser.N'avez-vous pas aussi un problème de fiscalité très lourde ?Jusqu'à l'an dernier, les impôts de Pemex représentaient 60 % du budget de l'État. Nous nous endettions pour payer. La loi a maintenant évolué, et même s'il faudra poursuivre dans cette voie, nous ne nous plaignons pas autant que les autres majors, qui voient leurs impôts (beaucoup plus bas que les nôtres) augmenter au Venezuela ou en Bolivie...Le président sortant, Vicente Fox, n'a pas réussi à faire, comme promis, évoluer la loi organique. Êtes-vous optimiste pour l'avenir ?Nous parlons à tous les élus pour les convaincre. Pemex doit tout simplement fonctionner comme une entreprise cotée. Il nous faut adopter une bonne gouvernance, qui permettra aux actionnaires involontaires que sont les Mexicains de vérifier si Pemex agit bien dans l'intérêt de la nation. Et nous pourrions aussi émettre des titres, non pas de propriété, mais offrant seulement des dividendes, afin de lever des fonds pour notre croissance.Et c'est aussi dans ce cadre qu'entrerait la possibilité pour Pemex de s'associer avec des entreprises étrangères en matière d'exploration-extraction, ce qui est pour l'instant impossible...Absolument. Il est inutile de changer la Constitution pour cela. De tels partenariats - avec Total ou d'autres - découleraient logiquement du fait que Pemex devrait faire le mieux possible pour accroître sa production, et donc la richesse du pays.Propos recueillis par Lysiane J. Baudu, envoyée spéciale à Mexico
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