Le milliardaire du monopole téléphonique

Aujourd'hui âgé de 66 ans et pesant 30 milliards de dollars, Carlos Slim est devenu la première fortune d'Amérique latine et la troisième mondiale, après l'achat au gouvernement mexicain du monopole de la téléphonie, Telmex, en 1990. Doté d'un sixième sens, "celui des affaires", l'entrepreneur a construit un véritable empire autour de la téléphonie fixe, tout en réalisant des incursions sur tout le continent américain dans la téléphonie mobile (América Móvil), le secteur financier (Inbursa), la restauration (Sanborns) ou, plus récemment, le transport aérien (Volaris).Double jeu"C'est un homme honnête et généreux, estime Ricardo, un entrepreneur de Mexico qui préfère garder l'anonymat. Mais il est vrai aussi que c'est l'État mexicain qui l'a rendu si riche", car il n'a pas su ouvrir le secteur des télécoms à la concurrence. Même si officiellement Telmex ne jouit plus du droit de monopole depuis la dérégulation de 1997, dans la pratique l'entreprise contrôle encore plus de 90 % des lignes fixes, tandis qu'América Móvil détient 80 % du marché des téléphones portables. Les ennemis du magnat lui reprochent de défendre son quasi-monopole au détriment des millions de pauvres Mexicains qui paient leurs communications téléphoniques à des prix supérieurs à ceux du marché international. Lorsque, par la suite, Slim critique la politique économique du gouvernement et prône une stratégie de lutte contre les inégalités, certains l'accusent de pratiquer "un double jeu".Finalement, d'autres condamnent sa décision d'intervenir lors de la campagne présidentielle en proposant aux candidats de signer le pacte de Chapultepec, où ces derniers s'engagent à "combiner l'investissement privé et social à un investissement public croissant pour développer l'infrastructure" du pays, ainsi que son capital humain. "C'est comme Berlusconi, conclut Ricardo. Il sait faire de l'argent comme patron d'une entreprise, mais cela ne veut pas dire qu'il sache ce dont a besoin le pays." Au contraire, d'autres considèrent que Slim est l'un des rares entrepreneurs qui ait "une saine préoccupation pour l'économie du pays", comme le déclare l'économiste Enrique Dussel Peters. Lorsque le gouvernement de Vicente Fox a persisté dans une politique de baisse de l'impôt sur le revenu, "le premier à s'opposer à cette mesure a été Slim". Or le multimilliardaire est certainement la personne qui paie le plus d'impôts sur le revenu dans le pays. De quoi faire jaser...L. P.
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