À chaque ville son"grand stade"

Les dieux du stade auront bientôt un temple digne d'eux dans la plupart des grandes villes de football de l'Hexagone. Un vent de rénovation et de construction sans précédent souffle en effet sur les arènes de l'élite.Depuis le tournant des années 2000, six stades flambant neufs ont ainsi vu le jour à Sochaux, Sedan, Rennes, Istres, Nancy et Troyes. D'autres, toujours plus beaux, toujours plus grands, vont sortir de terre prochainement à Lyon, Lille, Nice ou encore au Mans. Tandis qu'à Marseille et au PSG, on envisage de redonner une nouvelle jeunesse au Vélodrome et au Parc des Princes.Architecture avant-gardiste, équipements de pointe (écrans géants, pelouses amovibles, toits rétracta- bles, etc.), grande capacité (jusqu'à 70.000 places) : ces arènes du XXIe siècle que l'on érige désormais en périphérie des villes pour gagner de l'espace, éviter l'engorgement et la grogne des riverains, n'ont plus rien à voir avec le stade de papa. Hors-jeu les monstres en béton hâtivement construits dans les années 60 !Le président de la Ligue de football, Frédéric Thiriez, avouait récemment "avoir parfois honte quand on compare les installations de nos amis hollandais, allemands ou anglais aux nôtres". De fait, nos stades ne supportent plus la comparaison avec les douze "superstadion" ultramodernes qui accueilleront le Mondial 2006. Et pour cause : l'Allemagne a dépensé 1,5 milliard d'euros pour être à la hauteur de la fête. Et que dire de l'Angleterre, où la Premier League investit en moyenne 200 millions par an dans ses stades ! Dans les deux cas, ce sont des fonds privés - actionnaires des clubs, investisseurs financiers, sponsors - qui règlent l'essentiel de la facture.Les fonds américains investissent En France, on n'en est pas encore là. Mais cela devrait changer. La Ligue exige désormais des normes de capacité (20.000 places minimum en ligue 1, 8.000 en ligue 2) et de sécurité (équipements d'accès et de contrôle, vidéosurveillance, etc.) au standard européen. Avec une tolérance zéro pour les contrevenants : Istres et Ajaccio ont récemment frôlé la relégation pour cause de stade indigne de l'élite.Problème, un grand stade ultramoderne coûte cher : 150, voire 300 millions d'euros. Qui va payer ? Sans doute pas les mécènes traditionnels du foot, qui ont déjà fort à faire avec l'inflation des transferts de joueurs. Ni les villes, qui n'ont plus les moyens de régler seules l'addition. En revanche, les fonds d'investissement américains se pressent au portillon : Colony Capital, un des repreneurs du PSG, veut moderniser le Parc des Princes, Appolo veut aider l'OL à quitter Gerland. Et la solution des PPP (partenariats public-privé) met souvent tout le monde d'accord, comme à Lille.Car des gradins pleins à craquer font bien les affaires des investisseurs. En dehors de la billetterie, les stades sont à présent conçus comme de vrais pôles d'activités diversifiées : restaurants, galeries commerciales, salles de remise en forme, hôtellerie, etc. Tandis que le ballon rond partage volontiers sa pelouse avec d'autres têtes d'affiche, comme on le voit déjà au Stade de France. Petit tour de France de ces nouveaux temples du foot-business...Jean-Christophe Féraud
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