Médicament : la consommation dérape

Le gouvernement qui s'est tardivement préoccupé de la dérive des dépenses de médicaments - le sujet ne figure pas au menu des ordonnances - a aujourd'hui des raisons de justifier sa subite inquiétude. Selon les comptes nationaux de la santé, la consommation de produits pharmaceutiques s'est littéralement envolée l'an passé, le taux de progression en valeur atteignant 6% en 1995 contre 2,1% l'année précédente. Par conséquent, le poste pharmacie a représenté 87% de la consommation de biens médicaux, celle-ci ayant atteint 144.754 millions de francs en 1995 soit 2.490 francs par habitants. En volume, la consommation de produits pharmaceutiques a progressé l'an passé de 5,1% contre 1,9% « seulement » en 1994, relèvent les rapporteurs en constatant que « le dispositif de maîtrise des dépenses mis en place début 1994 n'a pas eu d'impact sur la croissance ». Selon eux, l'échec de la maîtrise a deux explications. D'abord, l'institution du carnet médical, délivré à partir en mars 1995, n'a pas permis de réguler la consommation, sa distribution ayant été stoppée dès l'annonce des ordonnances à l'automne de la même année. Ensuite, les rapporteurs constatent que les effets de l'accord cadre ratifié en janvier 1994 entre l'Etat et le Syndicat national des industries pharmaceutiques (SNIP), à l'initiative de Jean Marmot, président du Comité économique du médicament « ne se sont pas prolongés en 1995 ». Cet accord prévoyait la signature de conventions pluriannuelles avec les laboratoires pharmaceutiques, ceux-ci s'engageant à limiter leurs volumes en échange de hausses de prix. A l'évidence, les conclusions des rapporteurs des comptes de la santé justifient le changement de ton du gouvernement. Dès vendredi, Jacques Barrot lançait un premier avertissement aux laboratoires. « Il n'est plus question d'accumuler les dépenses sans évaluation. » P. Ch.
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