L'Ukraine se détourne de la Russie et lorgne l'Europe

Malgré les déclarations apaisantes, la "révolution orange" s'est belle et bien traduite par un virage à 180 degrés de la politique étrangère ukrainienne. Le nouveau président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, arrivé hier soir à Bruxelles, entend fermement arrimer l'Ukraine à l'Union européenne (UE). Alors que le débat sur l'entrée de la Turquie dans l'Union continue de diviser le Vieux Continent, Viktor Iouchtchenko souhaite que l'Ukraine engage des négociations en vue de l'adhésion dès 2007.Cette réorientation radicale de Kiev risque d'attiser les tensions avec Moscou. Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, en a fait hier l'amère expérience. Venu défendre à Kiev l'ancrage de l'Ukraine dans un espace économique commun avec la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, le chef de la diplomatie russe a essuyé un refus poli de la part de son homologue ukrainien. "Cela dépendra du degré d'engagement de l'Ukraine dans l'espace économique commun, a expliqué Boris Tarassiouk. S'il s'agit d'une zone de libre-échange, en principe, cela ne posera pas de problème pour notre intégration à l'UE et à l'OMC. Mais si cette intégration doit être plus profonde, il pourrait y avoir des problèmes."Adhésion à l'OMC. L'Ukraine espère adhérer à l'OMC et obtenir le statut d'économie de marché auprès de l'UE "d'ici la fin de l'année", a déclaré hier le vice-Premier ministre ukrainien pour l'intégration européenne, Oleg Rybatchouk, a l'issue d'une rencontre à Bruxelles avec le commissaire au Commerce, Peter Mandelson. Ce statut permettra de lever ou d'alléger les mesures anti-dumping contre les produits ukrainiens appliqués par l'UE.Par ailleurs, Moscou commence à s'irriter des velléités de Kiev de revoir un grand nombre de privatisations douteuses de l'ère Koutchma. Le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, a annoncé la semaine dernière la remise en cause de 3.000 privatisations. Or, plusieurs grands groupes russes contrôlent des pans entiers de l'économie ukrainienne. "Il y a en ce moment une bataille entre les élites du monde des affaires en Ukraine, et il est important qu'elle ne touche pas les intérêts russes", s'est inquiété vendredi le président de la Douma, Boris Gryzlov. Une commission de la Chambre basse du Parlement russe va donc examiner les conséquences pour l'économie de la fédération des révisions annoncées des privatisations en Ukraine.Xavier Harel
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