Nétanyahou prône l'austérité avant son départ à Washington

« Venez investir en Israël, c'est le message fort que je vais faire passer à Wall Street » : Benyamin Nétanyahou a ainsi défini ses ambitions économiques pour sa première visite aux Etats-Unis depuis son élection, le 29 mai. Pour convaincre, il n'a pas hésité à imposer une brutale cure d'austérité. Quelques heures avant son départ à Washington, le gouvernement a présenté un projet de budget remettant en cause une série impressionnante d'avantages sociaux, de quoi, en principe, satisfaire les ultras du libéralisme. Une partie des allocations familiales a ainsi été supprimée, les tarifs des transports publics vont augmenter de plus de 13 %, et les malades vont devoir payer leur médecin. Les soldats en fin de service militaire n'auront par ailleurs plus droit à des bourses d'études ou à des aides au logement. Sont supprimés aussi les dégrèvements fiscaux accordés aux personnes âgées, tandis que les heureux gagnants au Loto vont devoir dorénavant acquitter un impôt de 20 % sur leurs gains. Quelque 5.000 fonctionnaires vont enfin être licenciés, et l'aide aux investissements pour les entreprises israéliennes ou étrangères a été réduite de près de moitié. Objectif de cette « opération chirurgicale » : ramener le déficit du budget de 3,7 % du produit national brut à 2,8 %. La potion sera toutefois moins amère que prévu pour le budget de la Défense, qui absorbe à lui seul 18 % des dépenses publiques. Le gouvernement a renoncé à diminuer les salaires des quelque 130.000 militaires de carrière, mais leur retraite sera écornée. En donnant ainsi des gages d'orthodoxie financière, Nétanyahou, chef de la droite nationaliste, espère rassurer les investisseurs étrangers, inquiets pour le processus de paix. L'enjeu est énorme. La levée de fait du boycottage arabe depuis 1993 s'est traduite par de nombreux investissements de multinationales. Les investissements étrangers nets ont atteint le montant record de 1,2 milliard de dollars l'an dernier, quatre fois plus qu'en 1994. Cet engouement a touché la Bourse de Tel-Aviv : les étrangers ont accru de plus de moitié leurs transactions et détiennent 9 % du marché. Les principales agences de notation internationales, telles que Moody's ou Standard and Poor's, ont suivi le mouvement en élevant la « note » d'Israël. Autant de succès flatteurs qui pourraient être remis en cause si Israël était de nouveau perçu comme un pays « à haut risque ». L'arrivée hier au gouvernement d'Ariel Sharon, champion de la colonisation tous azimuts des territoires palestiniens, a peu de chance de calmer ces appréhensions. PASCAL LACORIE, À JÉRUSALEM
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