Bruxelles préconise un partenariat plus actif avec l'Asean

Si l'Europe veut vraiment renforcer sa présence dans la zone Asie-Pacifique, il lui faut développer ses liens avec l'un de ses plus anciens partenaires dans cette région : l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean). C'est cette conviction qui devrait conduire la Commission de Bruxelles à recommander aux Quinze, ce mercredi, de proposer à l'Asean d'engager la négociation d'un « nouveau contrat ». Cette perspective, souligne le commissaire Manuel Marin, auteur de cette initiative, s'inscrit parfaitement dans la nouvelle dimension Asie-Europe, développée en mars au sommet de Bangkok. Les sept membres de l'Asean - Brunei, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam - sont d'ailleurs, estime-t-il, d'autant plus preneurs d'un tel renforcement des liens avec l'UE qu'ils sont manifestement préoccupés de leur éventuelle dilution dans le processus de rapprochement général entre l'Europe et l'Asie. Une inquiétude que le vice-président de la Commission juge assez légitime, car les liens privilégiés tissés depuis 1980 n'ont plus évolué « à la même cadence que la région elle-même, qui a vu le décollage économique de la plupart de ces pays, l'émergence de l'Asean en tant qu'entité régionale concrète et le développement de l'Apec (Asia Pacific Economic Community). » L'intérêt de l'Union de réorienter sa coopération avec l'Asean vers un « cours plus dynamique » et « plus concret » lui paraît d'ailleurs renforcé par les adhésions prochaines du Cambodge, du Laos et du Myanmar (ex-Birmanie) à une entité régionale qui a connu une croissance moyenne de 7 % entre 1989 et 1994 et dont les potentialités économiques devraient encore s'accroître avec la réalisation de la zone de libre-échange - Afta - mise en chantier en 1992 et qui débouchera sur un marché de 400 millions de consommateurs. Comment dynamiser les relations de l'Union avec l'Asean ? Considérant les difficultés auxquelles va inéluctablement se heurter cette intégration sud-asiatique en raison des fortes disparités existant entre ses membres, le vice-président de la Commission ne penche pas pour l'option « accord interrégion ». Il lui préfère l'approche plus pragmatique du « partenariat actif », fondé sur un programme de travail conjoint, assez semblable à l'« agenda transatlantique » convenu entre les Quinze et les Etats-Unis, et qui aurait pour grand avantage d'associer plus étroitement les secteurs privés. Quelle que soit la formule que retiendront les Quinze, Manuel Marin a identifié trois « fronts » : le commerce, qu'il s'agit de faciliter en optimisant les concessions que les deux parties se sont déjà accordées et en accentuant la libéralisation réciproque des échanges ; la coopération commerciale, qu'il faudrait renforcer et pour laquelle l'Union pourrait instaurer avec l'Asean un dialogue similaire à ceux qu'elle entretien avec d'autres grands partenaires ; enfin les investisse- ments, domaine dans lequel les entreprises européennes ont pris un grand retard par rapport à leurs concurrentes américaines et japonaises. Marc Paoloni, à Bruxelles
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