Le système allemand de protection sociale se fissure

Comme en France, la remise en question de certains acquis sociaux est largement d'actualité outre-Rhin. Malgré un taux record de prélèvements (près de 42 % prévu en 1996), les différents systèmes sont confrontés aujourd'hui à de nouvelles difficultés. L'assurance maladie, après la réforme Seehofer de 1993, a accusé un déficit de près de 10 milliards de marks en 1995. L'assurance dépendance, qui fonctionne depuis tout juste un an, menace de se transformer en désastre financier. Quant aux systèmes de retraites, ils risquent à terme d'imploser surtout depuis l'augmentation rapide des mises à la retraite anticipées. Le ministre des Finances, Theo Waigel, a indiqué hier dans le quotidien Bild que le groupe parlementaire de son parti, la CSU, allait aborder aujourd'hui la question de la diminution des prestations sociales en particulier dans le domaine des allocations de chômage, des cures et des indemnités de maladie. Il ne peut en effet se permettre aucun dérapage budgétaire cette année, compte tenu de la déprime de l'économie et d'un déficit programmé déjà à la limite des 3 % du PIB. Hier encore, Günter Rexrodt, ministre de l'Economie, estimait que la croissance ne dépasserait pas 2 % cette année. Herbert Hax, président du conseil des cinq sages, a également indiqué, la semaine dernière, que le système allemand était surdimensionné et nécessitait des coupes. Hans Tietmeyer, président de la Buba , s'est même attiré les foudres en demandant mercredi dernier une croissance limitée des retraites mettant en doute à moyen terme le maintien du système actuel. Bref, un sujet explosif alors qu'outre-Rhin, certains craignent désormais ouvertement que ne se renforce encore la fracture d'une société qui, depuis Bismarck, a toujours mis en avant l'aspect social. Une évolution notamment irrite le ministre des Affaires sociales, Norbert Blüm : l'accroissement rapide des mises à la retraite anticipées. Alors qu'ils n'étaient que 51.000 en 1991 à devoir quitter leur emploi avant l'âge officiel de la retraite, ils ont été en 1995 plus de 300.000 et pourraient être 500.000 cette année. Une opération à moindres frais pour les entreprises (5 milliards de marks en indemnités diverses), qui aura coûté, en revanche, 66 milliards de marks l'an dernier aux différentes caisses sociales et pourrait s'élever à 108 milliards cette année. D'où une réaction brutale des organismes de retraite. Norbert Blüm a bien tenté de proposer une modification du système actuel, ce qui lui a aussitôt valu les menaces des entreprises. Arguant que si les conditions de mise à la retraite anticipée sont modifiées, ce seront les jeunes qui se retrouveront sur le carreau. Le ministre de l'Economie, Günter Rexrodt, a déjà annoncé qu'il allait présenter à la fin janvier un concept global destiné à favoriser la création d'emplois tout en réduisant la part des prélèvement sociaux. B. de P.
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