Le bâtiment craint 20.000 suppressions d'emplois

En dépit du plan de relance et des mesures de soutien au logement neuf, « le bâtiment ne pourra éviter d'entrer dans la crise », a prévenu hier Didier Ridoret, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui s'attend à ce que la profession connaisse « un trou d'air, probablement à compter de la mi-2009 ». Il estime que le chiffre d'affaires du secteur (hors inflation), qui a atteint 124 milliards d'euros en 2008, va chuter de 4 % cette année et redoute près de 20.000 suppressions d'emplois, dont la moitié d'intérimaires, sur un effectif total de la filière bâtiment de près de 1,3 million de personnes, dont 93.000 intérimaires. Jusqu'ici, l'activité s'est bien tenue grâce au niveau élevé des commandes et au moindre recours des entreprises à l'intérim. Mais les carnets de commandes se sont réduits d'un mois et demi en un an et ne représentaient plus, en moyenne, début avril que 5,6 mois de chiffre d'affaires. Face à l'effondrement des réservations, les promoteurs immobiliers ont annulé nombre de mises en chantier de logements neufs. Celles-ci ont plongé de 22,1 % sur les trois mois de décembre 2008 à février 2009 (par rapport à décembre 2007 ? février 2008). Les mises en chantier de bureaux, commerces, bâtiments administratifs et agricoles ont pour leur part reculé de 24,9 %, les annulations de construction de bureaux s'étant envolées.concurrence déloyaleSi le doublement du prêt à taux zéro (PTZ) et la mise en place du dispositif Scellier de soutien à l'investissement locatif suscitent une reprise des réservations de logements neufs, « cela ne fait pas une tendance », observe Didier Ridoret. Pour lui, le volet « 1.000 chantiers » du plan de relance pourrait tarder à produire des effets sachant qu'il faut neuf à dix mois pour lancer un chantier. Et la montée en puissance de l'éco-PTZ, qui vient d'être lancé et ouvrira au bâtiment le marché de la rénovation énergétique, sera lente.Or, certaines entreprises ont commencé à accepter, comme pour la construction de l'hôpital des Sables-d'Olonne, des baisses de prix de 25 %. La FFB a donc « sensibilis頻 les maîtres d'ouvrage pour les dissuader d'accepter « des prix anormalement bas ». Autre sujet d'inquiétude, le statut de l'autoentrepreneur. La FFB demande que « le bâtiment sorte de ce dispositif qui bafoue les règles élémentaires d'équilibre de la concurrence ». Les autoentrepreneurs, qui exerceraient aujourd'hui dans le bâtiment, ne payent ni impôts ni charges sociales, contrairement aux artisans authentiquement installés, et peuvent courir ou faire courir à leurs clients éventuels des risques en termes de sécurité.
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