La BCE se rapproche timidement des taux zéro

Elle se juge audacieuse. Les marchés la trouvent trop frileuse. Et pour cause : la Banque centrale européenne a déçu hier leurs attentes de nouvelle baisse d'un demi-point de ses taux directeurs en se contentant d'une réduction d'un quart de point. Cette concession, qui porte à 300 points de base la détente opérée depuis octobre, ramène son principal taux directeur ? le taux de refinancement ? au niveau historiquement bas de 1,25 %. Au passage, les taux de la facilité marginale de prêts ? son taux plafond ? et de dépôts ? son taux plancher ?, dont le corridor avait été ramené d'un niveau de crise de 75 points de base au traditionnel 100 points il y a quelques semaines, ont été abaissés d'un même montant. De sorte que le taux de dépôts se retrouve à un niveau voisin de zéro, puisqu'il ne s'élève plus qu'à 0,25 %. Si la BCE avait abaissé son taux de refinancement d'un demi-point sans modifier le corridor d'encadrement, le taux de dépôts serait aujourd'hui de zéro, la privant de toute marge de man?uvre supplémentaire. À cet égard, Jean-Claude Trichet a été on ne peut plus limpide lors de la conférence de presse qui suit le conseil des gouverneurs. « Nous avons une marge de baisse supplémentaire, mesurée comme aujourd'hui, pour réduire notre principal taux directeur », a- t-il déclaré, préannonçant un probable assouplissement d'un nouveau quart de point en mai. En revanche, les sages de la BCE n'ont pas l'intention de laisser le taux de dépôts tomber à zéro. Il est donc probable que le corridor sera à nouveau rétréci le mois prochain, mais Trichet préférait  en avertir les marchés, plutôt que de les prendre à rebrousse-poil. Car le taux de dépôts fait actuellement office de taux directeur. Inférieurs aux américainsC'est sur lui que se cale le loyer de l'argent sur le marché monétaire de la zone euro ? l'Eonia ? : il est resté inférieur à 1 % tout au long du mois de mars et il tombera vraisemblablement en dessous de 0,5 % dans les jours qui viennent. Le président s'en est félicité, faisant également valoir que les taux à trois et six mois sur le marché interbancaire étaient inférieurs à leurs équivalents américains. Reste le « si » et le « quand » d'un éventuel assouplissement monétaire dit quantitatif, adopté par la Fed et la Banque d'Angleterre notamment, qui financent directement l'économie réelle en créant de la monnaie via l'achat de titres obligataires. Outre que le traité européen n'autorise pas l'accès de la BCE au marché primaire, elle préfère concentrer ses efforts sur l'alimentation en liquidités du système bancaire pour des raisons propres à la zone euro. En effet 70 % des financements passent par l'intermédiaire des banques dans la zone contre moins de 30 % aux États-Unis. nles sages de la BCE n'ont pas l'intention de laisser le taux de dépôts tomber à zéro.
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