Christian Streiff contesté à la tête de PSA

Deux ans presque jour pour jour après son arrivée à la tête de PSA, où il avait fait naître de grandes espérances, Christian Streiff est contesté. Alors que le groupe affronte la crise, le président du directoire de PSA Peugeot-Citroën suscite la fronde croissante d'une partie de la famille Peugeot, de ses cadres, voire des pouvoirs publics. Bien que charismatique, charmeur, plein d'initiatives, le patron a incontestablement déçu.« Au début, il a secoué la maison qui somnolait, mis en place le plan de compétitivité CAP 2010, allégé les coûts de structure avec plus de 15.000 départs non remplacés. Il a véritablement insufflé une nouvelle dynamique. Mais, ensuite, on s'est aperçu qu'il n'y avait pas vraiment de plan stratégique. Résultat : on ne sait pas où l'on va. Les gens sont complètement déboussolés », affirme un cadre dirigeant. « Depuis son accident de santé en mai dernier et le début de la crise, on est en roue libre », insiste-t-il.collaborateurs perturbés« Lors des amphicadres, bien des participants ne l'écoutent même pas. Ils n'ont plus confiance, ont l'impression de ne rien apprendre, surtout quand il parle de commerce, de produits », souligne un autre. « On brasse beaucoup d'idées. Mais tout cela manque de rigueur. Nous étions habitués avec Jean-Martin Folz [son prédécesseur] à des exposés précis, détaillés, chiffrés, à des décisions claires », s'insurge, dépité, un homme de terrain, précisant : « À force de se méfier des gens de métier qui ont une longue expérience automobile et de les écarter, Christian Streiff se retrouve entouré de gens qui connaissent mal la profession. »Le malaise, de plus en plus perceptible, se reflète au sein même de la famille Peugeot, qui détient 30,27 % du capital et 44,87 % des droits de vote. « Thierry Peugeot [président du conseil de surveillance] le soutient toujours. Mais d'autres membres de la famille s'interrogent sur l'opportunité de le remplacer », explique une source interne, qui ajoute : « Les désaccords sont sensibles. »Le gouvernement français, qui négocie actuellement avec les constructeurs le plan de soutien à l'industrie automobile française, s'en est d'ailleurs lui-même rendu compte. « On a le sentiment qu'il y a de fortes dissensions au sein de la famille Peugeot », lâche-t-on en effet à Bercy. Au reste, le gouvernement « n'est pas forcément bien disposé vis-à-vis de Christian Streiff », assure un observateur. Il est vrai qu'« il peut être influencé par plusieurs anciens hommes de PSA, partis à la suite de désaccords ou de rivalités avec Christian Streiff, et qui sont aujourd'hui à des postes clés au sein des pouvoirs publics », ajoute un expert. Le nouveau Fonds stratégique d'investissement français est ainsi dirigé par Gilles Michel, ancien directeur général de Citroën, qui avait été en concurrence avec Christan Streiff pour succéder à Jean-Martin Folz à la présidence de PSA ?Au-delà de la crise elle-même, PSA semble donc entré dans une période de fortes turbulences. Et ce, alors même que les pouvoirs publics cherchent à initier de nouveaux partenariats entre constructeurs français et étrangers (voir « La Tribune » du 2 février). PSA lui-même recherche une alliance stratégique, même si, officiellement, priorité est donnée à la gestion de la crise. Une délégation de BMW, qui produit en commun des moteurs avec PSA, a d'ailleurs été reçue à l'Élysée, Matignon et Bercy le 21 janvier dernier.
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