TF1 veut racheter TMC, la chaîne leader de la TNT

Officiellement, il n'y a pas de négociations entre TF1 et AB, à en croire les porte-parole des deux groupes. En réalité, de discrètes discussions seraient bel et bien en cours entre la Une et le groupe de Claude Berda. Des discussions « difficiles et qui avancent lentement », assure une source industrielle. Toutefois, TF1 aurait pour objectif d'aboutir en 2009, voire avant l'été. Les discussions porteraient sur le rachat par TF1 de la totalité du groupe AB, dont il détient déjà 33,5 %. D'autres pistes auraient aussi été explorées en vain, comme celle où TF1 rachetait seulement les 40 % d'AB dans TMC, chaîne dont la Une détient déjà 40 %. La chaîne monégasque est l'actif le plus intéressant pour TF1 au sein du groupe de Claude Berda. En effet, c'est la chaîne numéro un de la TNT gratuite, un domaine où TF1 déclare vouloir se renforcer. Parmi les autres actifs d'AB (qui a réalisé un bénéfice de 42 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 160 millions sur l'exercice clos fin septembre 2007) figurent un catalogue de 1.300 titres (films, séries, etc.) et 19 chaînes (NT1, RTL9, XXL?). 250.000 euros d'amendeSelon des sources industrielles, un des points discutés serait l'avenir des chaînes belges d'AB (AB3, AB4 et Videoclick), que Claude Berda voudrait inclure dans le « package ». Surtout, les discussions portent sur le prix du groupe AB, qui avait été valorisé à 685 millions d'euros (pour 100 %) lors de l'entrée de TF1 il y a deux ans. À cette époque, il avait été convenu avec TF1 que Claude Berda ne vendrait pas ses parts avant le 2 avril 2009. C'est l'approche de cette échéance qui a provoqué les discussions en cours. Néanmoins, le rachat d'AB posera à TF1 des problèmes réglementaires. La filiale de Bouygues accapare plus de la moitié du marché de la publicité télévisée. Les autorités de la concurrence estiment donc qu'elle y est en « position dominante ». Dès lors, elles jugent que, si TF1 prenait en régie de nouvelles chaînes, cela constituerait un renforcement inacceptable de cette position dominante. Résultat?: la Une se voit interdire de commercialiser la publicité de toute chaîne supplémentaire. Lorsqu'elle a racheté 40 % de TMC en 2004, elle n'a pas pu prendre en régie la chaîne monégasque, qui a dû créer une régie en propre, en théorie indépendante de la Une. En réalité, TF1 s'est mêlée d'un peu trop près de la régie de TMC, et vient de se faire condamner pour cela à une amende de 250.000 euros (« La Tribune » du 24 décembre). Donc, en cas de rachat d'une chaîne, la Une ne pourra pas assurer sa régie en direct, ni proposer de couplage avec elle? Une solution inconfortable qui réduit les synergies. TF1 milite donc pour faire sauter cet obstacle, qui « bride toute tentative de développement de groupes nationaux puissants », expliquait son « Livre blanc » remis au gouvernement fin 2007. Pour la Une, le découpage du marché effectué par les autorités de la concurrence n'est « plus pertinent » et est donc « contestable ». La publicité sur Internet serait devenue « substituable » au petit écran, c'est-à-dire équivalente du point de vue d'un annonceur. Il est donc « nécessaire » de « redéfinir » le découpage du marché, pour ne plus retenir qu' « un unique marché de la publicité plurimédia ». Le calcul est le suivant?: si le marché pris en compte est beaucoup plus large, alors TF1 y aura une part de marché bien plus faible, donc ne sera plus en position dominante, et pourra prendre en régie d'autres chaînes. Mais les autorités de la concurrence ne semblent pas encore convaincues du raisonnement. L'influence de la Une, si grande soit-elle, ne va apparemment pas jusqu'à une réécriture du droit de la concurrence exprès pour elle.
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