L'année 2008 marque la fin des grandes opérations de LBO

La fin d'une époque. 2008 aura été une année de bouleversements dans le capital-investissement. Et d'abord dans le LBO (rachat par effet de levier). Une année sans « mégadeal », ces gigantesques transactions qui dépassaient 5 milliards de dollars. En 2006 et 2007, il y en avait eu respectivement quatorze et vingt dans le monde. Symptomatique : le LBO sur le géant canadien des télécommunications BCE, qui devait atteindre 48 milliards de dollars, a échoué le mois dernier. En France, le phénomène est identique. Au premier semestre 2008, seulement deux opérations supérieures à 1 milliard d'euros ont été conclues : Converteam, repris par LBO France et Barclays Private Equity, et Cegelec, racheté par le fonds souverain Qatari Diar. « C'est à partir du début du mois de septembre que la situation s'est véritablement détériorée. L'arrêt de certains processus de cession au cours de l'été a été un signe avant-coureur de l'arrivée de la crise », rappelle Olivier Deren, associé spécialisé dans le private equity du cabinet d'avocat Paul Hastings.Depuis mi-2008, les banques rechignent à accorder aux fonds d'investissement le niveau de dette qu'ils réclament pour leurs montages financiers. Et, pourtant, les acteurs du LBO conservent souvent la capacité d'investir en fonds propres. En France, plus de 8,8 milliards d'euros ont été levés au premier semestre 2008, contre 2,71 milliards un an plus tôt. Une nouvelle contrainte est donc apparue : puisque les banques désertent le marché, toute nouvelle opération en 2009 doit se faire avec moins de dette et plus de fonds propres. Ce qui réduit mécaniquement l'effet de levier et, finalement, le rendement. Dans ce contexte, la stratégie d'investissement des fonds de LBO peut s'élargir à d'autres segments d'investissements. Nombre d'entre eux considèrent ainsi avec un nouveau regard le capital-développement (financement d'une entreprise en croissance), dont le volume de transactions a explosé (+ 69%) au premier semestre 2008.le temps presseQuelle que soit leur stratégie d'investissement, les fonds partagent le même leitmotiv pour 2009 : se concentrer sur le portefeuille de participations existant. Car le temps presse. Selon la Coface, sur 1.600 entreprises sous LBO en France en novembre, 900 sont entrées dans « une zone de haute surveillance » en 2008. Aussi, d'après un professionnel du secteur, fin 2008, entre 50 et 60 % des grandes entreprises sous LBO (plus de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires) n'ont pas respecté leurs ratios d'endettement convenus avec leur banquier.Alexandre Madde
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