Laurence Parisot veut ressouder le Medef

Sandwich, eau minérale et traditionnels plateaux d'intervenants. L'assemblée générale du Medef, qui se tenait hier à Paris, se voulait sobre. Loin du grand show à l'américaine de Bercy en 2007, moins branchée que l'édition 2008 au Parlement européen à Bruxelles. Elle s'est surtout révélée classique. Par son décor, le théâtre Mogador à Paris, à peine perturbé par la distribution de tracts des militants d'Agir contre le chômage et de Droit au logement devant les portes. Mais aussi par sa tonalité. à un an et demi de la fin de son premier mandat, à la mi-2010, à la tête du Medef, alors qu'elle ambitionne d'en briguer un second, Laurence Parisot s'est fixé comme objectif de ressouder le Medef. Prononcé devant un millier de représentants des fédérations professionnelles et des Medef territoriaux, son discours renouait donc avec les fondamentaux du militantisme patronal. Elle a redit son inquiétude face au risque d'interventionnisme (lire « La Tribune » d'hier), suscitant les applaudissements de la salle. Citant le discours d'investiture de Barack Obama, elle a rappelé que « la question n'est pas [non plus] de savoir si le marché est une force du bien et du mal. Sa capacité à générer de la richesse et à étendre la liberté est sans égale ». Mais c'est surtout sur les questions sociales qu'elle a voulu montrer sa proximité avec sa base. Elle a, par exemple, proposé aux syndicats de poursuivre les discussions de janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail afin « d'améliorer la réactivité des entreprises pour faire face aux incertitudes incroyablement nombreuses auxquelles nous sommes confrontés ». S'exprimant à mots couverts dans son intervention officielle, la présidente du Medef a été beaucoup plus précise devant la presse, en marge de l'assemblée générale : « Il s'agit de sécuriser le licenciement économique pour l'entreprise et les salariés. » Simplification de la procédure, réduction des délais, assouplissement de la définition du licenciement économique? « Notre mot d'ordre »En mettant l'accent sur ce thème, la présidente du Medef colle à une demande récurrente de ses adhérents. Même volonté de se rapprocher de sa base avec la baisse des charges?: « Chaque adhérent en plus, c'est l'espoir d'une fraction de prélèvements obligatoires en moins. Une voix en plus pour du prélèvement obligatoire en moins?! Que ce soit notre mot d'ordre?! » a martelé Laurence Parisot dans sa conclusion, réclamant à nouveau la suppression de la taxe professionnelle et de la taxe sur le chiffre d'affaires. Sur l'organisation interne du Medef, Laurence Parisot a également souhaité effacer les déchirements et les troubles qui ont marqué l'année dernière, de l'affaire UIMM au licenciement pour faute de Jacques Creyssel, son directeur général. Jugeant que 2008 n'avait pas été une « annus horribilis » ? « Magnificus?! Splendidus?! Grandissimus auraient été mieux trouvés?! » ?, la présidente du Medef a rendu un vibrant hommage à ses négociateurs sociaux : « coup de chapeau » à Patrick Bernasconi, tête de file sur la représentativité syndicale et l'assurance chômage, « bravissimo » à Jean-François Pilliard, qui a conclu l'accord sur la formation professionnelle, félicitations à Jean-René Buisson sur le stress au travail. En mettant en avant une équipe issue aussi bien de la métallurgie, du BTP ou des services, Laurence Parisot a voulu montrer que la page des années où l'UIMM ? Denis Gautier-Sauvagnac en tête ? dominait les négociations sociales était tournée. Le même souci d'équilibre a présidé à la constitution du nouveau conseil exécutif, dont les membres ont recueilli, hier, entre 93 et 98 % de voix. Nouveaux entrants, Robert Durdilly (Union française de l'électricité) et Franck Esser (Fédération française des télécoms) siégeront aux côtés des traditionnels représentants de l'UIMM, des assurances ou de la distribution. Reste à savoir si cette unité affichée par Laurence Parisot résistera à la future campagne électorale interne au Medef.
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