Douloureux changements

Saviez-vous que l'idéogramme chinois « crise » signifie aussi « opportunit頻 ? Depuis le début de la crise, pas une semaine ne passe sans qu'on nous le rappelle. Le très sérieux et réputé sociologue Michel Maffesoli nous explique dans un petit livre intitulé « Apocalypse » à quel point la période actuelle est formidable puisqu'elle appelle à la « révélation des choses », au sens originel du terme. Certes, il n'a pas tort quand il suggère de « faire de sa vie une ?uvre d'art », de se dire « qu'il y a dans l'inconscient collectif un réel besoin d'aventure ». Mais finalement qu'y a-t-il de plus difficile que le changement ? Bien sûr, les théoriciens du management prônent depuis des années la culture de la mobilité mais les enjeux sont tellement psychologiques et affectifs que toute perspective de modifier son emploi provoque un choc émotionnel. Car l'autre partie de l'idéogramme chinois du mot « crise » dit aussi « danger ». C'est donc un événement important qui angoisse, inquiète, génère colère et déni. D'ailleurs c'est fou ce qu'on peut « développer de résistances au changement », comme disent les psys. Il est toujours redouté, de l'ordre de la crainte archaïque, du souhait que rien ne meure. Dans une entreprise, c'est d'autant plus fort que nous nourrissons un sentiment d'appartenance au groupe. La peur, c'est de se retrouver sans emploi et donc sans « vie ». La preuve, cette terrible question « que faites-vous dans la vie ? », qui a tendance à nous réduire à ce que l'on fait. C'est aussi le moment où se réactivent toutes les ruptures vécues dans l'enfance restées à un niveau inconscient. Pour éviter d'avoir à affronter cette sorte de terreur de quitter le cocon, certains s'accrochent ainsi à des emplois subalternes ou ennuyeux, voire parfois dévalorisants. Paradoxalement ceux qui appliquent trop à la lettre les injonctions de mobilité, ont la bougeotte et changent fréquemment de poste, sont dans la même peur de l'abandon que ceux qui s'accrochent éternellement. Sans compter que sous forte pression, le repli sur soi est une réaction de défense naturelle.conflit intérieurUn coach me confiait récemment que la crise est en train d'anéantir des années de travail sur le leadership des cadres ou le management participatif. C'est la peur qui est l'épicentre de ces comportements. Elle naît d'un conflit intérieur entre le besoin de répondre à un critère personnel de réussite et le sentiment de ne pas pouvoir y arriver, entre une angoisse d'anéantissement et la conviction qu'il faut pourtant franchir ce pas. Cette peur, il faut la regarder en face. Comme celle-ci s'attache à des croyances ? souvent négatives « si je fais ceci ou cela alors ce sera une catastrophe ?, il faut enquêter sur son imaginaire, sur tous les éléments qui s'y rapportent. Une fois identifiés, se demander ce qu'on peut faire pour se rassurer. Enfin dernier point : étudier tous les éléments protecteurs, les parachutes (pas dorés mais avec ceintures et bretelles) qui vont sécuriser le saut. Car le changement doit rester un processus positif. Pour m'y être déjà frottée, je peux témoigner que ce n'est franchement pas très confortable. Alors courage, c'est quand même chouette la crise. n« Le monde déteste le changement. C'est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser », Charles F. Kettering (scientifique américain, fin XIXe-début XXe).
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