Policiers et gendarmes s'associent enfin

« Ce sont des lobbies efficaces ou je ne m'y connais pas », lâche ce député de la commission de la Défense. Visés : les porte-parole des 101.000 gendarmes et des 148.500 policiers qui se livrent une lutte d'influence à l'occasion de leur regroupement dans le giron du ministère de l'Intérieur. Entré dans les faits le 1er janvier, le rapprochement doit faire l'objet d'une loi spécifique à la gendarmerie qui, après son examen au Sénat, fin décembre, doit bientôt être discutée à l'Assemblée.Pour l'heure, les gendarmes ont marqué un point en persuadant les sénateurs de modifier à leur profit le projet de Michèle Alliot-Marie. Ils ont ainsi obtenu que leur statut de militaire et leur compétence en matière de police judiciaire soient réaffirmés, de même que la parité de traitements avec les policiers. Les sénateurs, qui sont tous des élus locaux, n'ont pas été difficiles à convaincre de veiller au maintien des brigades sur tout le territoire. Les syndicats de policiers attendent maintenant le débat à l'Assemblée pour faire avancer leurs revendications : en particulier obtenir des compensations après l'entrée en vigueur en début d'année d'une nouvelle grille indiciaire applicable aux gendarmes, prévoyant 11,4 millions d'euros de revalorisation salariale.Mais derrière ces questions de statut, le rapprochement de deux corps est l'occasion pour l'État de mettre en ?uvre une vaste opération de rationalisation des coûts, même si aucun chiffrage précis d'économies n'est mis en avant. mutualisation Les gendarmes, qui dépendaient de la Défense, et les policiers, rattachés à l'Intérieur, disposaient chacun de leur budget (7,6 milliards d'euros pour les premiers, 8,6 pour les seconds) et de leur administration alors qu'ils participent à la même mission de sécurité intérieure. Le regroupement doit donc permettre la mutualisation des moyens pour éviter les doublons. Déjà les CRS ont commencé à s'entraîner avec les gendarmes mobiles. Si la Direction de la gendarmerie nationale continuera d'assurer la gestion du corps (pas moins de 36 conventions de gestion ont été signées avec l'Intérieur !), les deux ministères planchent en revanche sur la mutualisation de la maintenance de leurs hélicoptères ainsi que l'utilisation par la gendarmerie des ateliers de réparation automobiles de la police. L'entretien des bâtiments devrait faire l'objet de marchés uniques. L'achat de pistolets, de Flash-Ball, de gilets pare-balles, de tests salivaires? va également être effectué en commun. Enfin, gendarmes et policiers vont pouvoir se parler : leurs réseaux de communication vont enfin être interconnectés?Patrick Coquidé
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