Le retour des bonus garantis

Neuf mois après le paroxysme de la crise, les excès passés recommencent. Les bonnes résolutions prises au G20 en avril dernier se sont envolées et les banques reprennent leurs mauvaises habitudes. Aux États-Unis et en Europe, certains établissements proposent à nouveau des bonus garantis aux banquiers qu'ils recrutent. Beaucoup s'engagent contractuellement à verser une rémunération variable pour 2009. Ce système habituel est destiné à compenser le renoncement au bonus de 2009 pour le salarié qui quitte sa banque en cours d'année. Les banques françaises se sont engagées à ne pas aller au-delà pour les traders. Mais ces derniers mois, quelques grandes banques anglo-saxonnes garantissent un bonus sur deux ans, c'est-à-dire en incluant celui de 2010. Ces cas ne concernent que les nouveaux recrutements à un niveau de hiérarchie senior. « Certains métiers étant faiblement peuplés, les banques sont parfois encore contraintes d'offrir des garanties aux meilleurs seniors pour les faire venir », justifie Stéphane Rambosson, chasseur de têtes chez Veni Partners. Depuis le début de l'année, les meilleurs banquiers sont au centre d'un vrai « mercato ». Et les recrutements se multiplient sur toutes les grandes places financières.Les banques qui ont le mieux résisté à la crise et qui veulent se renforcer sortent leur carnet de chèques pour attirer les talents. Si cette pratique est fréquente à Londres, elle l'est aussi à Paris. Selon nos informations, elle a notamment été appliquée pour Marc Pandraud et ses trois collaborateurs recrutés chez Merrill Lynch par Deutsche Bank France. Plus récemment, Nomura a débauché Hubert Bastide chez Merrill Lynch en lui assurant aussi deux ans de bonus. Même chose chez Credit Suisse à Paris qui a fait venir Olivier Barret de Morgan Stanley pour codiriger sa banque d'affaires. Aux plus hauts niveaux de hiérarchie, ces montants peuvent atteindre 1 à 2 millions d'euros par an. Ces pratiques existent également dans les activités de marchés. Ainsi, Credit Suisse a recruté une équipe de traders de la Société Généralecute; Générale il y a deux mois qui auraient également eu la garantie de toucher deux ans de bonus. La polémique est d'autant plus vive lorsque les bonus concernent les activités de marchés. Ces métiers sont risqués et peuvent perdre de l'argent, à l'inverse des activités de conseil de la banque d'affaires. En réponse à cela, « certaines banques indiquent se protéger en mettant en place des clauses de non-paiement dans certaines conditions », glisse Stéphane Rambosson. Cela s'appliquerait notamment en cas de pertes pour la banque ou pour la division concernée.Matthieu Pechberty
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