RéglementationLes grands argentiers européens veulent inciter les banques à anticiper davantage les risques et à « mettre de côté pour ne plus se retrouver sans réserves en période de vaches maigres », explique un diplomate européen. Réunis aujourd'hui à Bruxelles, les Vingt-Sept vont demander la mise en place de « provisions dynamiques » visant à constituer des réserves par beau temps pour être prêt quand vient la tempête. Ces provisions dynamiques devront être incorporées dans la comptabilité dès la prise de risque, sans attendre, comme c'est le cas aujourd'hui, que le problème survienne.La crise a révélé que certaines normes financières et comptables avaient des effets amplificateurs renforçant les tendances du cycle économique. Avec cette mesure, il s'agit au contraire d'aider les banques à atténuer l'effet du cycle, à « lisser sur le long terme en constituant une réserve dans laquelle on pourra, en cas de besoin, piocher en bas de cycle », précise une diplomate française. Le projet de conclusion de la réunion des ministres européens introduit : « un provisionnement prospectif, qui consiste à constituer des provisions prélevées sur les bénéfices au cours des périodes de conjoncture favorable, en vue de couvrir les pertes attendues sur les portefeuilles de crédit ».Modèle espagnolC'est le système espagnol qui a servi de modèle aux Vingt-Sept. Madrid a joué les éclaireurs et testé depuis dix ans les provisions dynamiques avec succès, même si les banques espagnoles avaient vivement protesté au départ. « Il y a eu des résistances mais tout le monde a vite compris que c'était une bonne décision pour tout le secteur et pour les différentes institutions financières de notre pays », se souvient le socialiste espagnol Antolin Sanchez Presedo, membre de la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen. C'est justement à ces provisions dynamiques que le système bancaire espagnol doit sa stabilité malgré sa forte exposition au risque de crédit lié à la crise immobilière.Pour l'heure, les banques européennes disent « suivre le dossier avec attention et avec une approche constructive ». « Mais notre souci, confie Wilfried Wilms de la Fédération bancaire européenne, c'est que l'on se dirige de nouveau vers un accord global que les Européens et les Japonais seraient les seuls à appliquer, et pas les Américains. Et ce ne serait pas une première? » Le dispositif encadrant ces provisions dynamiques est encore vague à ce stade. La Commission européenne devra faire des propositions techniques à l'automne.

latribune.fr

20 Juill 2009, 1:59

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