« Inciter au regroupement d'établissements »

Le projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires » (HPST) propose une nouvelle réforme de l'hôpital. Quelles modifications souhaiteriez-vous y apporter ? Je suis désormais favorable à ce que ce soit un élu qui préside le conseil de surveillance de l'hôpital, alors que le texte du gouvernement propose que ce soit un élu ou une personnalité qualifiée. Dans un premier temps, j'ai été sensible à l'argument qu'il valait mieux choisir une personne motivée et compétente, et pas systématiquement le maire de la commune. Mais j'ai évolué, notamment à la suite des débats qui ont animé le Congrès des maires de France. Dans une problématique d'aménagement du territoire et d'accès aux soins, il faut que les élus interviennent au conseil de l'hôpital, ce sont les vrais représentants des usagers. Si demain le maire n'est pas associé à la vie de l'hôpital de sa commune, il aura toujours tendance à défendre l'emploi au sein de l'établissement, au lieu de privilégier la qualité des soins. Il y aura plusieurs amendements dans ce sens. Par ailleurs, je veux inciter davantage, par amendement, aux regroupements d'établissements au sein de communautés hospitalières de territoires (CHT). Par exemple, il faudrait que ces communautés soient dispensées du code des marchés publics, ou que l'intéressement du personnel aux résultats de l'établissement ne concerne que les hôpitaux d'une CHT.Cette réforme intervient alors que plusieurs drames viennent de secouer l'hôpital?Ce climat n'est pas favorable à un débat serein et responsable, car il y a une forte pression médiatique. Cette loi va permettre la réorganisation du système de santé, avec la création des ARS, mais il faudra du temps avant qu'on en voie les effets sur le terrain. Il ne faut pas que les accidents survenus récemment jettent l'opprobre sur la totalité des services hospitaliers.La Mutualité française met en cause les médecins libéraux, qui n'assurent plus de façon satisfaisante une permanence des soins en ville et laissent les urgences de l'hôpital en première ligne. Qu'en pensez-vous ? Il y a un vrai problème de permanence des soins en ville. Cette offre a fortement reculé depuis 2002, année durant laquelle les médecins ont fait grève, arrêté les gardes et se sont rendu compte que cela leur simplifiait la vie ! Ils y ont pris goût. L'esprit « 35 heures » s'est inséré aussi dans les cerveaux des médecins libéraux, dans le sens où ils se disent désormais « quand j'ai fini, je ferme ». Et il est très dur de revenir en arrière. Parallèlement, l'hôpital a fait passer l'idée qu'il était le seul endroit où les gens étaient bien soignés, 24 heures sur 24. Dans la loi, il est prévu que les ARS deviennent les garants de la permanence des soins. Une bonne organisation doit permettre l'accueil des urgences, réelles ou ressenties, sans donner aux médecins le sentiment d'être corvéables à merci.Un autre objectif majeur du projet de loi HPST est de favoriser l'accès aux soins pour tous en mettant fin aux déserts médicaux, sans toutefois contraindre les médecins. Comptez-vous aller plus loin lors de l'examen du texte ?Je vais proposer par amendement la création de bourses pour les étudiants en médecine, dont le montant pourrait être d'environ 1.200 euros par mois. En contrepartie, ils devront s'engager à exercer pendant une période équivalente dans une zone sous-dotée en médecins. Par exemple, un étudiant qui bénéficiera d'une bourse pendant 5 ans devra s'engager sur une période de 5 ans. Le lieu sera choisi en concertation avec les directeurs des futures Agences régionales de santé (ARS). Les étudiants pourront solliciter à tout moment au cours de leurs études ces bourses, qui seront financées par l'assurance-maladie. L'esprit de la loi HPST n'est pas de prendre des mesures coercitives à l'encontre des médecins, même si certains députés, de droite comme de gauche, y seraient favorables. Il y aura un débat.
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