Des sociétés de gestion toujours plus responsables

La gestion alternative en France a subi de plein fouet la crise. Et pourtant, en 2007, le rapport Adhémar était adopté et accueilli avec enthousiasme par les professionnels. Censé rendre plus souple le processus d'investissement et responsabiliser les sociétés de gestion dans leur sélection de fonds, ce rapport a plutôt montré les limites d'un système réglementé.Ainsi, l'abolition des treize critères d'éligibilité des fonds investissables n'a pas eu de véritable impact sur le fonctionnement des fonds de hedge funds. Pour Christophe Chouard, directeur général de HDF Finance, « ces critères restreignaient l'univers d'investissement, car les sociétés de gestion dans lesquelles nous investissions devaient être agréées par une autorité de marché. Or la majorité des bons hedge funds sont souvent offshore ». D'ailleurs, pour Marinette Gleich, responsable de la « due diligence » opérationnelle chez Natixis Multimanager, « l'agrément par une autorité de marché, comme la SEC ou la FSA, n'est pas un gage de qualité. Peu de sociétés de gestion font l'objet de contrôles par la FSA. Quant à la SEC, les gérants de hedge funds rapportent que les audits sont souvent effectués par des personnes qui ne connaissent pas vraiment le fonctionnement des hedge funds ». Et l'affaire Madoff a clairement montré les limites du système. Malgré tout, « si une société de gestion ne souhaite pas se faire agréer, nous cherchons à savoir pourquoi et sommes encore plus exigeants dans notre sélection », explique Marinette Gleich.bon sensAu final, le remplacement des treize critères par quatre grands principes d'investissement (lire encadré) « relève plutôt du bon sens et encourage les sociétés de gestion à s'engager sur un véritable processus de sélection qui leur est propre », estime Christophe Chouard. C'est d'ailleurs sur ce point que le rapport Adhémar avait insisté, demandant aux sociétés de gestion, et plus particulièrement aux petites structures, de mettre en place les moyens nécessaires pour assurer une véritable « due diligence ». En contrepartie, l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'engageait à faire des contrôles sur place qu'elle ne semble pas, pour l'heure, avoir généralisés. Au final, « les investisseurs sont passés d'un excès de confiance à un excès de défiance vis-à-vis des réglementations, ce qui devrait permettre une meilleure responsabilisation des sociétés de gestion à l'avenir », insiste Christophe Chouard.Malgré cela, et en marge du rapport Adhémar, les multigérants alternatifs ont adapté leur « due diligence » aux conditions de marché actuelles. Ainsi, « nous n'avons pas changé notre processus de sélection, qui était déjà très poussé. Mais nous avons renforcé notre analyse de certains risques, notamment sur l'exposition aux prime brokers avec qui travaillent les hedge funds dans lesquels nous investissons », conclut Marinette Gleich. Parallèlement à cette sécurisation du processus de sélection des sous-jacents, le rapport Adhémar préconisait la mise en place de gates. En réponse à la crise de liquidité, celles-ci ont finalement été adoptées par la loi de modernisation de l'économie votée l'été dernier, évitant ainsi à certaines sociétés de gestion d'importants rachats.MARIANNE LAGRANGE
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.