Renault et Peugeot sur la corde raide

La descente aux enfers se poursuit pour les constructeurs automobiles français. Jeudi soir, l'agence de notation financière Standard and Poor's a dégradé les notes de Renault et de Peugeot, de respectivement un et deux crans. En cause : les mauvais résultats annoncés par les deux groupes, la détérioration des ratios financiers en 2008 et la poursuite attendue de leur affaiblissement en 2009, ainsi que les perspectives peu encourageantes du marché automobile pour 2009. La note de Renault passe ainsi de BBB à BBB ?, celle de Peugeot de BBB + à BBB ?. Dans la foulée, les ratings des filiales RCI Banque et Banque PSA Finance ont été abaissés à BBB.Les notes des deux groupes (et de leurs deux filiales de financement) sont assorties d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elles pourraient encore être revues à la baisse. La dette des deux constructeurs hexagonaux quitterait alors la catégorie dite « d'investissement » pour être reléguée au rang de « junk » (littéralement, pourrie) chez Standard and Poor's. Moody's a réagi plus tôtMoody's, de son côté, a déjà franchi le pas pour Renault, dont la dette à long terme est notée Ba1 depuis le 20 février. En revanche, comme Standard and Poor's, elle place Peugeot au dernier cran de la catégorie d'investissement.Le problème pour Renault et Peugeot est que les investisseurs évitent la dette « spéculative » comme la peste en ce moment. Les économies s'enfonçant dans la récession, le nombre de sociétés qui ne seront pas en mesure d'honorer le remboursement de leur dette va se multiplier. Et Moody's a confirmé cette loi immuable la semaine dernière : entre janvier et février, la proportion de défauts parmi les émetteurs de dette « high yield » (à haut risque et haut rendement) est passée de 5,2 % à 5,7 % aux États-Unis et de 2,4 % à 2,7 % en Europe.Dans ces conditions, tout financement via le marché obligataire devient inenvisageable pour les constructeurs automobiles français. Et les banques vont se montrer de plus en plus réticentes à avancer des fonds. investisseurs méfiantsSigne de la défiance des investisseurs, le coût de la protection contre le risque de défaut de Renault et de Peugeot s'envole. Le CDS de Renault a dépassé les 600 points de base vendredi (les investisseurs peuvent assurer 10 millions d'euros de dette contre un événement de crédit moyennant une prime annuelle de 600.000 euros). Celui de Peugeot a atteint 566 points de base. Pour mémoire, il y a un an, leurs CDS cotaient respectivement à 165 et 170 points de base.Comme le soulignent les analystes, la situation de Renault est toutefois nettement plus délicate que celle de Peugeot. « Ce dernier a 2 milliards d'euros de cash et 2,4 milliards d'euros de lignes de crédit confirmées et non tirées, ce qui sera suffisant pour couvrir 1,8 milliard de dettes à court terme. De plus, le soutien gouvernemental au travers du prêt de 3 milliards d'euros permettra de faire face à l'assèchement de la trésorerie attendu en 2009 », indique Sébastien Barthelemi, responsable de la recherche crédit chez Louis Capital Markets.
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