La crise frappe une industrie affaiblie depuis plusieurs années

La crise dans l'industrie couvait déjà depuis quelques années. Selon l'enquête réalisée par l'Insee pour le compte de la CGPME, l'industrie était déjà entrée dans une zone sérieuse de turbulences en 2006 : en témoigne la nette diminution du nombre d'entreprises manufacturières. Ainsi, entre 2005 et 2006, 667 entreprises de moins de 20 salariés ont disparu. Les entreprises plus importantes n'ont pas été épargnées. En effet, 237 sociétés comptant entre 20 et 50 personnes dans leurs effectifs et 186 entreprises employant plus de 50 salariés ont mis la clé sous la porte au cours de cette période.Certes, proportionnellement aux 30.800 entreprises recensées dans ce secteur clé de l'économie tricolore, la disparition de ces 1.090 sociétés reste assez marginale. « Néanmoins, ces chiffres indiquent assez clairement que les difficultés du secteur manufacturier ne datent pas d'hier », constate Jean-François Roubaud, le président de la CGPME.Des difficultés qui se sont amplifiées depuis, avec le ralentissement économique observé dans la plupart des régions du monde, et en particulier en Europe et aux États-Unis, et qui expliqueront en grande partie l'explosion des défaillances d'entreprise cette année.« Compte tenu de la situation de trésorerie extrêmement dégradée de l'industrie française, les défaillances devraient bondir de quelque 25 % cette année, pour atteindre un record d'environ 75.000 », estime Karine Berger, directrice d'études chez Euler Hermes Sfac. Pour mémoire, elles avaient déjà augmenté de 15 % en 2008 pour s'élever à 57.700, le chiffre le plus élevé depuis les 61.000 défaillances enregistrées en 1997. Euler Hermes prévoit une chute de 9 % de la production industrielle française en 2009, avant un nouveau recul de 2 % en 2010.Aucun secteur épargnéDes défaillances qui n'épargnent quasiment plus aucun secteur. « Cette situation très difficile des trésoreries amène des défaillances d'entreprise dans tous les secteurs et dans toutes les tailles d'entreprise », explique Karine Berger, sans exclure une nouvelle hausse des défaillances en 2010. Dans le sillage de l'effervescence du marché de la pierre observée depuis la fin des années 90, tant dans l'ancien que dans le neuf, le nombre d'entreprises intervenant dans l'immobilier et le bâtiment s'est inscrit en nette augmentation entre 2005 et 2006 : elles souffrent aussi beaucoup aujourd'hui. Les défaillances devraient augmenter de 8 % dans le bâtiment et les travaux publics, toujours selon les prévisions d'Euler Hermes Sfac.Seules les entreprises appartenant aux secteurs des services aux entreprises et aux particuliers pourraient passer la crise sans trop de dommage.« Ces petites structures très dynamiques sont en pleine croissance. Compte tenu du fait qu'elles nécessitent moins de capitaux pour assurer leur fonctionnement, elles ont une capacité de résistance importante », estime Jean-François Roubaud.
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