Les start-up confrontées à la frilosité des investisseurs

cite>Meetic, Facebook, Google, Flickr : ces quatre succès du Web ont un point commun. Ils sont nés au moment même de l'éclatement de la bulle Internet. En pleine déconfiture économique, investisseurs et entrepreneurs, réunis ce matin à Paris à l'occasion du Web08, manifestation annuelle de la nouvelle économie, s'accrochent à cette idée. « Nous avons 1.600 inscrits, dont 300 capital-risqueurs. C'est plus que l'an dernier, malgré la crise ! » indique son organisateur, Loïc Le Meur, parti dans la Silicon Valley créer il y a un an Seesmic, un site de talk-show. Malgré un optimisme sans faille, le serial-entrepreneur ne nie pas la difficulté. « Avec 12 millions de dollars levés, nous avons trois ans devant nous. Mais pour nous adapter, nous avons réduit les effectifs de moitié, indique-t-il. Après les licenciements, les fermetures commencent. Nombre d'entrepreneurs n'ont que trois mois de trésorerie devant eux. »Et il n'est pas facile d'aller taper à la porte des pourvoyeurs de fonds, petits et grands. « Il y a une fermeture du robinet des business angels, qui sont les premiers affectés par les marchés financiers », estime Ouriel Ohayon, spécialisé dans le capital-risque et éditeur français du blog Techcrunch. « Les petits projets nécessitant entre 0,5 et 1 million d'euros sont très difficiles à financer. Les projets B to B, destinés à la clientèle des entreprises, ne sont pas faciles à tester, à une période où elles baissent les coûts. Et les investisseurs veulent tout de suite du chiffre d'affaires et un modèle économique », explique Philippe Collombel chez Partech, qui a investi dans Dailymotion.Les start-up plus mûres ne sont pas mieux loties. « La tendance est à la concentration sur le portefeuille existant. Beaucoup de fonds ont annoncé qu'ils doubleraient leur réserve sur leur portefeuille. Du coup, il y a peu de nouveaux contrats », indique Jean-David Chamboredon, du fonds 3i, actionnaire de PriceMinister.Les valorisations ont déjà baissé ? de 30 % pour les optimistes, de 75 % pour les pessimistes ?, et tous anticipent de nouvelles dégringolades. Avec un manque de visibilité sur la conjoncture et la Bourse, l'heure est à l'attentisme. Les investisseurs demandent à leur start-up de se serrer la ceinture et hésitent à aller vers de nouveaux projets. D'autant que les sorties sont délicates, voire impossibles, « soit parce qu'il n'y a pas d'acheteur, soit parce que les prix proposés sont trop bas. Tous les calendriers ont été reculés d'un an », estime Éric Archambeau, chez Wellington Partners. «certains disparaîtront»Pourtant, les fonds français ont de l'argent en caisse, notamment grâce aux FCPI (fonds pour les entreprises innovantes) favorisés par les réductions d'impôts sur la fortune décidées cette année. Aux États-Unis, la situation est plus inquiétante. Jeff Clavier, capital-risqueur de la Silicon Valley, prévient : « Les grands fonds de pension vont devoir vendre leur portefeuille de capital-risque. Certains vont disparaître. Avec des fonds qui auront du mal à réinvestir faute d'avoir pu sortir, cela va créer un problème structurel. » Malgré ce tableau cataclysmique, tous assurent continuer à investir. « En période de crise, l'intensité compétitive est faible. C'est ce qui a permis à Meetic et à PriceMinister d'émerger », se souvient Jean-David Chamboredon. « Les bons projets se financeront. Les start-up sont mieux gérées qu'avant, leurs entrepreneurs plus réalistes », estime Philippe Collombel. Le nouveau Google émergera peut-être, même si nombre de start-up du Web 2.0 seront emportées, une fois leur trésorerie engloutie. n « Les bons projets se financeront. Les start-up sont mieux gérées qu'avant. »
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