Berlin tarde à mettre en place son plan de relance

Mardi soir, le gouvernement d'Angela Merkel a cédé. Devant le succès de la prime à la casse, elle a fait passer l'enveloppe qui lui était consacrée de 1,5 à 5 milliards d'euros. Un montant qui, au rythme actuel des déboursements, pourrait cependant être déjà épuisé d'ici deux mois. Mais l'engouement pour cette prime cache mal l'aspect très virtuel que revêt le plan de relance allemand. Car quatre mois après l'adoption de ces mesures qui s'élèvent désormais à 85 milliards d'euros sur deux ans, l'argent est encore loin d'être parvenu jusqu'à l'économie réelle.Ainsi, les communes qui devraient disposer de 12 milliards d'euros pour investir dans leurs équipements, n'ont toujours pas reçu un centime, de l'aveu même du ministère des Finances. Les débats sans fin entre les différents niveaux politiques locaux pour la répartition et l'usage du programme ont bloqué les fonds. L'effet sur le tissu économique en sera retardé d'autant. L'État fédéral n'est cependant pas meilleur élève puisqu'il n'a dépensé pour l'instant que 90 millions d'euros sur les 4 milliards d'investissements prévus. Autre signe inquiétant, le peu d'enthousiasme des PME à utiliser les crédits de la banque publique KfW. Pour l'instant, cette dernière a reçu des demandes de 640 entreprises pour un montant global de 2 milliards d'euros. Soit à peine 5 % de l'enveloppe de 40 milliards qu'elle peut accorder. « obstacles »Quant aux garanties offertes par l'État, elles ne trouvent pas preneur?: elles n'auraient intéressé, selon le journal « Bild Zeitung », qu'une dizaine d'entreprises pour un montant de 3 milliards d'euros sur les 75 milliards d'euros à disposition. Pour expliquer ces lenteurs, la chambre de commerce et d'industrie (DIHK) a critiqué les « obstacles bureaucratiques », mais un récent sondage soulignait que beaucoup de dirigeants ignoraient la nature de ces soutiens. En réalité, les entreprises, touchées par la crise des exportations, ont souvent renoncé à investir et n'ont donc guère besoin de ces aides. Ces retards ne sont pas anodins car beaucoup d'économistes comptent sur les effets du plan de relance pour stabiliser la situation économique à l'été et doutent des conséquences directes de la prime à la casse sur la conjoncture. L'essentiel résidera dans l'usage que les consommateurs feront des baisses de charges. Les Allemands ont déjà vu sur leur salaire du mois dernier les effets de la première réduction de l'impôt sur le revenu, celle de la cotisation maladie étant prévue en juillet. En tout cas, cette lenteur permet au gouvernement d'exiger de la patience, alors que l'idée d'un troisième plan de relance commence à être évoquée outre-Rhin.
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