La chute brutale de la demande enfonce l'industrie

C'est un début d'année calamiteux pour l'industrie française. Alors que les entreprises multiplient les expériences pour gérer au mieux leurs effectifs pendant la crise (lire l'événement), la production industrielle a chuté de 3,1 % en janvier selon l'Insee. Une chute qui s'avère encore plus dramatique sur douze mois (? 13,8 %). S'agissant de la production manufacturière, le mouvement est accentué?: une baisse historique de 4,1 % sur un mois, et de 16,5 % sur un an. Lors de la dernière récession, en 1993, le recul le plus fort avait été limité à 6,8 %, toujours sur un an.La quasi-totalité des secteurs est concernée. Sur un an, la production automobile accuse une baisse de... 43,6%... « L'accumulation des contre-performances depuis six mois a ramené le niveau de la production à ce qu'il était à la fin des années 1990. C'est quasiment dix ans de perdus en un semestre », observe-t-on chez Xerfi. un point bas historique« Ces résultats montrent que, malgré un repli déjà très important fin 2008, l'activité industrielle a continué de se contracter fortement début 2009. La dernière enquête de conjoncture menée dans l'industrie a par ailleurs montré que, après s'être stabilisé en janvier, l'indice synthétique du climat des affaires était descendu à un nouveau point bas historique en février (68). En particulier, les stocks de produits finis restent, selon les industriels, bien trop élevés, et les carnets de commandes continuent de se dégarnir très rapidement », constate Frédérique Cerisier chez BNP Paribas.À l'origine de cette déprime industrielle, on trouve une demande en berne, tant sur le plan domestique qu'au niveau international, ce qui se constate à travers la chute des exportations. Selon les Douanes, le déficit commercial s'est élevé en janvier à 4,5 milliards d'euros, après 2,95 milliards en décembre, en raison essentiellement de la nette décélération des exportations (28,7 milliards d'euros, contre 30,8 milliards en décembre), le niveau des importations restant stable. « Après avoir déjà dégringolé de 13,9 % de mai à décembre 2008, les exportations ont encore chuté de 6,7 % en janvier. Elles atteignent désormais un plus-bas depuis mars 2005 », précise Marc Touati chez Global Equities. Maigre consolation, compte tenu du ralentissement du commerce mondial?; même l'Allemagne, qui reste le premier exportateur mondial, a vu ses ventes à l'étranger fondre de 4,4 % en janvier.« Au regard de l'ensemble de ces statistiques, les perspectives restent mauvaises pour les mois à venir. La production industrielle et le PIB pourraient connaître une nouvelle correction majeure au premier trimestre », estime Frédérique Cerisier. Une correction se traduirait par un repli de 1 % de l'activité au premier trimestre selon Neville Hill, chez Credit Suisse. Dans ce contexte, Bruxelles douterait, selon le « Financial Times », de la validité de son hypothèse de croissance pour l'année prochaine (+ 0,5 %), celle-ci paraissant désormais « hautement incertaine ». La reprise de l'activité dans la zone euro, et donc en France, espérée par Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE) paraît bien lointaine. n
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