Dollar et obligations souveraines attaqués

La planète finance change de physionomie. Les déclarations optimistes sur l'avenir des économies des États-Unis et de la zone euro engluées dans la récession de Ben Bernanke et de Jean-Claude Trichet et le nouveau train de mesures de stimulation décidé par la Banque centrale européenne (BCE) ont eu raison des valeurs refuges en temps de crise. Le dollar, qui se maintenait bon an mal an dans une étroite marge de fluctuation face à l'euro, a rechuté, tombant à son plus bas niveau depuis mars, pour ne plus valoir au plus bas dans les transactions de vendredi que 1,3650 face à la monnaie unique.Mais c'est surtout sur le marché des obligations souveraines que le retour de l'appétit pour le risque a fait des vagues. Au plus fort de la crise bancaire, les rendements des emprunts d'État américains et allemands à dix ans avaient reflué à des planchers de respectivement 2,53 % et 2,92 %. C'était en mars au moment où la Réserve fédérale annonçait l'entrée dans l'ère de l'assouplissement monétaire quantitatif au sens propre du terme, avec un programme de rachat de 300 milliards de dollars de titres de la dette publique américaine. À la veille du week-end, après l'annonce des plus faibles destructions d'emplois outre-Atlantique depuis octobre (539.000) et en dépit d'une montée du taux de chômage à son plus haut niveau depuis vingt-cinq ans, à 8,9 % des actifs, le rendement des T notes a grimpé jusqu'à près de 3,38 %. Dans la foulée, celui des bunds allemands s'est retrouvé propulsé à 3,46 %.crédits à un an C'est un véritable défi lancé à la Réserve fédérale et à la Banque centrale européenne. Et, pourtant, cette dernière n'avait pas lésiné sur les moyens de relancer plus activement l'économie. Jeudi, à l'issue de son conseil, la banque centrale des Seize a non seulement annoncé une baisse de son taux directeur de 1,25 % à 1 %, le plus bas niveau de son histoire, mais le président Trichet a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un plancher, ouvrant la porte à de nouvelles détentes si nécessaires. Parallèlement, pour faciliter l'octroi de crédits aux agents économiques qui ? c'est une spécificité de la zone euro ? se financent à 70 % par l'intermédiaire des banques commerciales, la BCE a allongé la durée des prêts qu'elle accorde aux banques en quantité illimitée. Elles pourront désormais obtenir des crédits à un an au lieu de six mois précédemment. Enfin, pour relancer le marché immobilier, les autorités monétaires de Francfort lanceront un programme d'achats de 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées (covered bonds, en anglais), dont les modalités seront précisées en juin. Bien que Jean-Claude Trichet ait affirmé qu'il ne s'agissait pas d'un processus d'assouplissement quantitatif, cela y ressemble beaucoup. Ce ne sont certes pas les emprunts d'État qui sont concernés, contrairement à ce que font la Fed et la Banque d'Angleterre (qui a augmenté son programme de 50 milliards de livres jeudi, pour le porter à 125 milliards). Il s'agit tout de même essentiellement d'obligations foncières émises par les institutions financières spécialisées dans toute l'Europe. Les tensions obligataires sont donc particulièrement mal venues. n Infographie92 mm x 73 mm
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