El Niño revient, mais quelle sera son ampleur ?

Cette fois-ci, c'est officiel : El Niño est de retour. Les scientifiques de la National Oceanic and Atmospheric Administration américaine, l'équivalent de Météo France, viennent de confirmer l'avènement de ce phénomène climatique récurrent. La formation de ces masses d'eau plus chaudes qu'à l'accoutumée dans l'océan Pacifique a été détectée dès juillet. El Niño a été baptisé ainsi au XVIe siècle par les pêcheurs des côtes du Pérou, qui notaient, certains étés, un réchauffement des eaux culminant vers Noël, c'est-à-dire à l'arrivée de l'enfant Jésus (El Niño en espagnol). Le phénomène est considéré comme un véritable « Niño » quand la température de l'eau dépasse de plus de 0,5 degré sa moyenne habituelle. Or, selon les météorologues, elle a déjà grimpé à plus du double ces dernières semaines !Cette surchauffe, qui se produit naturellement, a lieu en général tous les deux à cinq ans. En fonction de son intensité, elle peut avoir un impact désastreux sur plusieurs zones du globe. Car le Pacifique est une vaste piscine d'eau chaude qui oriente la direction des vents. Et il influence de cette façon le climat de la planète entière. Avec une cohorte de conséquences funestes : sécheresses aiguës et feux de forêts catastrophiques, notamment en Asie du Sud-Est, précipitations extrêmes et inondations tout aussi catastrophiques en Amérique latine. Seule consolation, El Niño aurait tendance à amoindrir la formation des ouragans, en particulier dans la Caraïbe. Et encore, rien ne prouve que cela sera le cas cette année, puisque les ouragans subissent aussi l'influence de l'Atlantique.Désastres à répétitionMais rien ne dit non plus que, cette année, El Niño sera aussi violent qu'en 1997-1998, année record. Associé au réchauffement climatique, il avait tellement fait grimper le thermomètre que cette année-là avait été la plus chaude jamais enregistrée sur la planète. La Chine avait vécu sa pire sécheresse en cinquante ans, au point que le fleuve Jaune s'était retrouvé à sec en septembre 1997. L'Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée avaient elles aussi été victimes de sécheresses à répétition. Plusieurs pays d'Asie du Sud-Est avaient connu des incendies si vastes et si violents qu'un nuage de fumée avait obscurci le ciel pendant des semaines. Le tout avec des répercussions désastreuses sur les populations : quelque 2.000 morts, des pertes financières astronomiques dans l'agriculture, les mines et les infrastructures, en particulier en Asie et sur le pourtour du Pacifique. La pêche avait elle aussi été affectée, en particulier les bancs d'anchois au large des côtes du Pérou, tandis que les pluies excessives avaient balayé les récoltes en Équateur et inondé les mines de cuivre au Chili. Enfin, en Afrique, le Niño de 1997-1998 avait accru la sécheresse à l'Ouest, et diminué également les précipitations plus au Sud, vers le cap de Bonne-Espérance, pénalisant l'agriculture dans les deux cas.Si, à ce jour, les scientifiques ne sont pas encore capables de déterminer quelle sera la force du Niño 2009 (qui se poursuivra sur 2010), certains estiment qu'il pourrait atteindre, ou presque, les records de 1998. Le dernier, celui de 2006-2007, avait été modéré. Toujours est-il que les États, les compagnies d'assurances et les négociateurs sur les marchés de denrées agricoles s'inquiètent et se préparent. Lors du Niño record de 1997-1998, le prix de l'huile de palme avait triplé. Et l'Australie a déjà revu à la baisse ses prévisions de récolte de blé, le Mexique celle de maïs. nLes pluies avaient balayé les récoltes en Équateur et inondé les mines de cuivre au Chili.
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