Les élus demandent 10 milliards d'euros pour accélérer la sécurisation des réseaux électriques

Je suis très en colère. Dix ans après la tempête de 1999, nous avons subi Klaus le 24 janvier dernier dans les mêmes conditions, avec les mêmes angoisses », a déclaré hier Denise Saint-Pé, présidente du Syndicat d'énergie des Pyrénées-Atlantiques, vice-présidente de la FNCCR, Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. Après les tempêtes Klaus et Quiten, les collectivités locales, qui sont propriétaires en France des réseaux de distribution d'électricité basse et moyenne tension, sont montées au créneau hier pour exiger une meilleure sécurisation des réseaux d'électricité. « Hors conditions climatiques exceptionnelles comme celles qui ont privé d'électricité 1,7 million de foyers le 24 janvier et 900.000 le 10 février, ce sont chaque année plus de 2 millions de foyers qui sont victimes de coupures », souligne le sénateur Xavier Pintat, président de la FNCCR.« Avec un taux d'enfouissement de ses lignes de 35 %, la France est en retard sur ses voisins, comme la Grande-Bretagne (60 %) ou l'Allemagne (80 %) », déclare-t-il. « Au rythme actuel, ce taux sera porté à 50 % d'ici à quinze ans. Nous souhaitons qu'il soit atteint d'ici à cinq ans », ajoute-t-il. Pour cela, la FNCCR demande l'enfouissement des 50.000 kilomètres de lignes aériennes qui passent au-dessus de bois (ou leur contournement) et la disparition des 70.000 km de « fils nus » mal isolés (sur un réseau total de 1,2 million de km). Les élus ont chiffré à 10 milliards d'euros ce « plan d'urgence ».Pour financer cet effort, ils préconisent qu'ERDF, la filiale en charge de la distribution d'EDF, puise dans les 11,4 milliards d'euros de provisions qui figurent dans ses comptes pour « renouvellement ». EDF pourrait aussi, ajoutent-ils, renoncer à une partie des dividendes versés par sa filiale qui s'élèvent à 70 % de ses résultats contre 60 % pour RTE, la filiale d'EDF chargée du transport (lignes haute tension) et « 40 % en moyenne pour les entreprises du CAC 40 ». Enfin, un effort pourrait être demandé aux consommateurs, via un relèvement de leur facture d'électricité, dont la moitié est constituée des frais liés au transport et à la distribution. « Au total, cela représenterait une hausse de 2,5 % de la facture hors taxes », souligne la FNCCR.« Les événements récents vont certainement conduire à revoir la stratégie de sécurisation du réseau, qui est dotée d'une enveloppe de 2,3 milliards pour 2006-2016 », déclare de son côté Michel Francony, patron d'ERDF. « C'est l'État qui va devoir trancher », estime-t-il. Cela pourrait se faire à l'occasion de la fixation prochaine du Turpe, tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité.Marie-Caroline Lopez
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