Quatre doigts à la main

chronique des marchésXiong Weiping, le patron de Chinalco, a beau vociférer par voix de presse, la situation n'en reste pas moins la même : le géant chinois a les doigts coincés dans la porte australienne. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça fait mal. Pas moyen de s'extirper la main de la charnière sans s'arracher une phalange. Or l'heure des choix se rapproche. Le groupe chinois va en effet devoir dire, à un moment ou à un autre, s'il entend souscrire ou non à l'augmentation de capital de 15,2 milliards de dollars de Rio Tinto. Si la rupture des pourparlers avec ce dernier ne plaide pas obligatoirement en ce sens, comment en revanche pourrait-il s'y soustraire en tant que premier actionnaire du groupe avec 9 % du capital ? Dans ce dernier cas, vu l'aspect très dilutif de l'opération, Chinalco a peu de chance de renforcer sa position à moins d'y mettre les moyens. Rien de très problématique de ce point de vue-là, si ce n'est qu'il avait déjà payé le prix fort (14 milliards de dollars) son entrée au capital du minier australien à l'époque où ce dernier faisait l'objet d'une OPA de la part de son compatriote BHP Billiton. Remettre au pot serait d'autant plus frustrant pour le géant chinois qu'il ne serait même pas assuré d'obtenir ce qu'il convoite tant : siéger au conseil d'administration. Un désir qui est loin d'être caressé par l'ensemble des actionnaires, soucieux de ne pas laisser entrer le loup dans la bergerie. À l'inverse, ne pas participer à l'opération diluerait mécaniquement sa part au capital, ce qui reviendrait à jeter par la fenêtre une partie des 14 milliards investis à l'origine. Reste enfin la possibilité de vendre tout bonnement sa part. Mais là encore, cela ne se fera pas à moindre frais. Au cours actuel de Rio Tinto, la perte atteindrait 7 milliards de dollars. Malgré tout, si Chinalco a l'embarras du choix, celui-ci sera d'autant plus douloureux qu'il se soldera forcément par une perte. Quoi qu'il arrive, dans un horizon proche, Chinalco n'aura donc plus que quatre doigts à la main. Gaël Vaut
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