Sarkozy intervient dans la crise en Guadeloupe

Ce que redoutait l'Élysée depuis le début des violences en Guadeloupe est arrivé hier : un mort, tué par balle dans un quartier périphérique de Pointe-à-Pitre. Qui plus est, un syndicaliste du mouvement LKP, maître d'?uvre de la contestation contre la vie chère depuis plus d'un mois. Quelques heures auparavant, des gendarmes mobiles avaient essuyé des coups de feu provenant de barrages tenus par des manifestants.Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, qui a également en charge l'outre-mer, a organisé hier après-midi une réunion de crise consacrée au maintien de l'ordre dans l'île. L'envoi de quatre escadrons supplémentaires de gendarmes mobiles en Guadeloupe a été décidé. Et désormais, une réunion aura lieu quotidiennement Place Beauvau.Le rendez-vous prévu aujourd'hui entre Nicolas Sarkozy et les élus d'outre-mer va donc s'engager dans un contexte particulièrement tendu. Du Parti socialiste à François Bayrou, en passant par Brigitte Girardin, l'ancienne ministre UMP de l'Outre-mer sous Jacques Chirac, la CFDT ou FO, tout le monde accuse le pouvoir d'être responsable de la crise. Y compris Laurence Parisot, présidente du Medef, qui affirmait lors de son dernier point de presse : « La responsabilité de l'État est immense, gigantesque. Il ne s'est jamais sérieusement intéressé à la problématique antillaise. Il a toujours eu une approche partisane ou clientéliste. »L'Élysée peut au moins trouver un sujet de réconfort dans la déclaration, hier, du président PS du conseil régional de Guadeloupe, Victorin Lurel. Tout en affirmant que l'État se comportait « de façon honteuse en Guadeloupe », l'élu socialiste ? contesté il est vrai sur l'île ? a estimé que « les dirigeants du mouvement de contestation, dont le chef de file du LKP, Elie Domota, ont une responsabilité évidente dans la détérioration de la situation ».L'apparition de la violence contraint en tout cas le pouvoir à revoir sa stratégie. L'Élysée pensait que la reprise en main du dossier de l'outre-mer par le président, vendredi, à l'occasion du Conseil des ministres, et la remise en selle du secrétaire d'État, Yves Jégo, permettraient de débloquer la situation. De même que la création d'un conseil interministériel de l'outre-mer.Accord salarialPeine perdue. C'est donc vers les partenaires sociaux, et plus particulièrement sur les chefs d'entreprise, que l'État fait désormais porter la pression. Hier, Yves Jégo espérait la signature d'un accord salarial dès la fin de la semaine. Les deux médiateurs nommés par Matignon voilà dix jours tentaient encore hier de persuader les parties de l'urgence d'une sortie de crise. Depuis le début du conflit, les grévistes réclament en effet 200 euros d'augmentation par mois pour les bas salaires quand les chefs d'entreprise locaux demandent à l'État de nouvelles exonérations de charges salariales pour négocier sur ce point. Compte tenu des risques d'embrasement, l'Élysée, comme Yves Jégo, ont fait savoir ces dernières heures au patronat local qu'il était temps de lâcher du lest. Dans ce contexte, l'État serait prêt à faire un geste financier. À l'issue de sa rencontre avec les élus, le président devrait annoncer des mesures immédiates.
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