LBO  : les banques prennent le pouvoir face aux fonds d'investissement

on cotéHier, le groupe de presse américain Reader's Digest, détenu par le fonds d'investissement américain Ripplewood, annonçait la signature d'un accord avec ses banquiers. Ces derniers ont accepté de ramener la dette du groupe de 2,2 milliards de dollars (1,56 milliard d'euros) à 550 millions. Pour Ripplewood, cet arrangement sonne le glas de sa présence dans Reader's Digest, racheté pour 2,4 milliards de dollars en 2007. En effet, en échange de l'abandon d'une majorité de la dette, les créanciers s'emparent de 92,5 % du capital, le solde allant aux dirigeants du groupe, d'après l'agence LBO Wire.un recoursCette annonce est le reflet d'une tendance qui se dessine en Europe et aux États-Unis : les banques, lassées par les interminables négociations à mener pour restructurer la dette des sociétés sous LBO (rachat par effet de levier), n'hésitent plus à convertir leurs créances en capital. Chaque semaine, un nouveau dossier fait son apparition. En Grande-Bretagne, Apax Partners perd actuellement la partie pour l'une de ses participations, Incisive Media, dont 88 % du capital pourrait être attribué aux propriétaires de sa dette. Dans l'Hexagone, l'exemple le plus célèbre reste celui du fabricant de toitures, Monier (ex-Lafarge Roofing). Racheté en mars 2007 par le fonds d'investissement français PAI Partners pour 2,4 milliards d'euros, les clés de la société ont été abandonnées aux créanciers en juin dernier, en échange d'une réduction de la dette de 1,7 milliard à 1,1 milliard d'euros.De l'autre côté des Alpes, le cas de Ferretti a marqué les esprits. Le fabricant italien de yachts de luxe, acquis par les fonds britanniques Candover et Permira en janvier 2007 pour 1,7 milliard d'euros, est aujourd'hui aux mains des créanciers et de son patron, Norberto Ferretti. C'est presque une constante dans ce type de négociation : les fonds d'investissement quittent la table, mais les dirigeants restent. Le cas du français Navimo l'atteste. L'accord négocié par le fabricant d'accastillage prévoit que son actuel propriétaire, Duke Street Capital, soit relégué au rang d'actionnaire minoritaire, que l'un de ses créanciers, BNP Paribas, entre au capital, et, surtout, qu'Albert Journo, son actuel patron, reste à la barre en tant que premier actionnaire. En France, les acteurs du private equity disposent d'un recours : la loi de sauvegarde, qui leur permet de geler la situation et de bloquer l'entrée au capital d'un autre acteur. Mais, d'après Nicolas de Germay, le président de l'ARS (Association for the Restructuring of Enterprises), « placer une participation sous la loi de sauvegarde pour préserver les intérêts du fonds revient à se tirer une balle dans le pied. Les banques ont la mémoire longue, surtout aujourd'hui ». La nasse se referme sur les fonds d'investissement. Alexandre Madde
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