Auto : d'inquiétantes perspectives pour 2009

Le marché automobile français pourrait chuter de 5 à 10 % l'an prochain, estiment les professionnels. Les immatriculations « tournent actuellement autour de 7.000 unités par jour dans l'Hexagone, soit deux fois moins qu'en décembre dernier », précise un expert. Sur l'ensemble de l'Europe, ce sera pis encore. Certains prévisionnistes tablent sur un plongeon de 20 % en 2009. Les immatriculations ont déjà baissé de 26 % le mois dernier.Un tel recul serait catastrophique pour le secteur. « Si jamais le marché européen était à ? 20 ou ? 25 % l'an prochain, nous serions tous très, très mal », affirmait récemment un dirigeant du secteur, soulignant que les constructeurs seraient à peine à l'équilibre financier en 2009 ou carrément en perte. Les voitures particulières ne sont pas seules touchées. Les ventes de poids lourds, qui ont dégringolé de 28 % en novembre sur le Vieux Continent, risquent d'être moins bonnes encore. Les perspectives sur les autres continents sont tout aussi mauvaises. Le PDG du groupe Renault Carlos Ghosn, dont les ventes ont reculé de 24 % en novembre sur un marché mondial en baisse de 22,5 %, pronostique un marché américain autour de 11-11,5 millions d'unités à peine l'an prochain. Loin des 16,1 millions de 2007. Au Japon, les immatriculations tomberaient sous les 5 millions en 2009, soit le niveau le plus bas depuis 1978, d'après l'Association des constructeurs japonais Jama. Elles devraient fléchir de 5 %, après une baisse de 4,5 % cette année. Du coup, oubliant leur credo libéral, constructeurs et fournisseurs demandent du secours aux États, quitte à accepter des engagements contraignants comme de ne pas faire de plans sociaux ou fermer des sites sur le territoire national. « Aujourd'hui, nos PME doivent faire face à des problèmes majeurs de trésorerie, demain il sera trop tard », lâche Jean Lamy, président du CLIFA (Comité de liaison des fournisseurs de l'automobile), lançant un SOS au gouvernement français.La panique actuelle des acteurs industriels prouve que le modèle économique de l'industrie automobile européenne est fragile. En effet, tout au long de ces dernières années, qui ont connu des marchés quasiment record, les constructeurs, notamment français, ont enregistré une marge opérationnelle faible. Chez PSA, elle a atteint tout juste 3,5 % en 2005, 2 % en 2006, 2,9 % en 2007. Chez Renault, elle frisait à peine les 3,2 %, 2,6 % et 3,3 % respectivement, ne dépassant les 5 % que trois fois en dix ans. Ce qui est vrai pour les Français l'est aussi, dans une moindre mesure, pour Volkswagen. Fiat a certes réussi à faire mieux récemment, mais après avoir frisé la banqueroute. Le problème fondamental est que le marché européen génère moins de marges que les autres grands marchés mondiaux, notamment à cause du centrage sur les petits véhicules peu rémunérateurs. pertes abyssalesLes Big Three de Detroit ont, eux, réussi l'extraordinaire contre-performance de cumuler des pertes abyssales aux États-Unis, alors même que ce marché très rentable connaissait un cycle exceptionnellement long de ventes historiques. GM n'a-t-il pas perdu près de 40 milliards de dollars (28 milliards d'euros) en 2007, après 12,5 milliards (9 milliards d'euros) entre 2005 et 2006??Les Japonais sont in fine les seuls constructeurs généralistes à avoir réalisé de solides marges ces dernières années, grâce aux ventes de gros modèles outre-Atlantique, à un marché nippon encore fermé à la concurrence étrangère et? à la faiblesse du yen. Nissan affichait ainsi une marge de 7,4 % sur l'exercice 2006-2007. Mais, seul le partenaire de Renault, Toyota et Honda, ont réussi de telles performances. Les autres japonais (Mazda, Mitsubishi?) ont fait piètre figure. nLa panique des acteurs industriels prouve que le modèle économique de l'industrie automobile européenne est fragile.
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